
anciennes peintures, où l’on retrace d’un
coup d’oeil les hiitoires du Gouvernement
féodal & des preux Chevaliers. Le Château
qui le couronne eil fort élevé à l’égard des
Vallons qu’il protège; quoiqu’affez abaifle en
çomparaifon des rochers qui l’entourent.
Mais ces rochers fe retinent en s’élevant i &
le Château ëtoit à l’abri des atteintes de ceux
qui les auroient e s c a l a d é s . A la gauche eil
NaJJau Schevern, Bourg bâti dans un petit
Vallon é le v é , par lequel le rocher fortifié
communique avec les Montagnes. A fon
pied efl: NaJJau- Berg , auquel alloit aboutir
notre chemin ; & dans tout ce pourtour ÿ
o r n é de tout ce que la Nature produit de
beau dans les Montagnes, & de tout ce que
les hommes y ajoutent pour les rendre utiles,
on n’apperçoit nulle ouverture ; J’iiTue fur-
prend autant que l’entrée.
En approchant de NaJJau .- Ber g nous fûmes
dans l’ombre du Soleil couchant : elle avoir
déjà gagné tout le bas de la Vallée , & embru-
ni les rochers le long desquels , nous continuions
à descendre; quand tout à coup, dou*
blant un cap à droite, nous les vîmes percés
d’une porte, & notre vue plongea au de là
fur une Plaine riante, qu’éclairoit encore le
Soleil. C’eil dans quelque lieu pareil qu’on a
ima-
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¡imaginé le Royaume des Gnomes : ce que
■nous appercevions au travers de cette ouvertu
r e , fembloit appartenir à des Pays fouter-
reins. C’étoit-là cependant qu’alloit fe terminer
notre journée. Nous trouvâmes la
Lahn au bas du défilé, & l’ayant traverfée à
guet, nous arrivâmes à NaJJau y" l’une de ces
■petites Villes antiques, où tout eil fimplé ,
|& le maintien des habitans toujours amical.
Il faifoit encore grand jour , & la foirée
étoit fort belle; auiîi fortîmes-nous bientôt
e la V ille , pour jouir de fes environs. L e
¡champêtre s’y joint au pittoresque de la ma-
jnière la plus agréable. Deux Vallées , en s’y
¡joignant, forment une petite Plaine , cultivée
en vergers & en jardins, divifés fans
être clos. Nous nous y promenâmes quelque
tems en nous éloignant de la Ville; & au
retour nous fûmes frappés du fpeêlâcle lé
plus magnifique & le plus impolant que puis-,
jfé offrir le coucher du Soleil. Des nuages
(épais s’étoient raiîèmblés de ce côté-là fur les
Montagnes, au fommet desquelles paroifloit
Ée Château, à caufe de notre poiition. Nas»
Uau - Ber g étoit à fa gauche, & à la droite s’ é-
llevoient des rochers escarpés, qui fembloient
[appartenir à la même Montagne, quoiqu’ils
Buflent féparés par une Vallée. Tout ce
grôup