
544 H I S T O I R E VIH. Partit,
grouppe-là, ainfi que le Clocher de NaJJau qui
venoit s’y joindre, étoit extrêmement brun,
de même que la plus grande maffe des nues
qui paroiiïoient rafer le Château. Mais le
deffous de cette, mafle étoit embrafé par les
derniers rayons du Soleil, & réfléehiiToit un
rouge ardent fur le Château & les bords des
Montagnes. Le Vefuve, dans fes plus grandes
e x p l o i t o n s noiturnes, n’a jamais fourni
bVernet l’original d’un tableau plus ardent;
& la feule conféquence fâcheufe de ce beau
fpeëtacle, fut quelques goûtes de pluie, qui
nous obligèrent -de rentrer à NaJJau plus tôt
que nous ne l’avions réfolu.
Le tems fut cependant très beau le lendemain
ÿ feulement, comme la nuit avoit été
froide , il s’étoit élevé de la Rivière un
brouillard, qui occupoit le fond des défilés par
lesquels nous fortîmes en lafuivant: mais il
dura p e u , & le moment où il fe difïipa ;
nous dédommagea bien de la petite privation
que nous avions éprouvée; Nous approchions
alors des bains d’Ems, objet du voyag
e qui a fait connoître ces Montagnes à V
M . L ’abord de ce lieu eft très fauvage, Des
rochers hérifïes de pointes , femblent en
barrer l’entrée, en s’avançant fur la Rivière;
qu’on côtoyé à fa gauchie. Mais ils s’écartent
L e t t r e LX X X I I . d e i l T E R R E . 545
tent à mefure qu’on avance & l’on trouve
derrière Je principal Bâtiment des bains. La
fource d’eau chaude qui fort de ce Rocher
j n’eft pas la feule que produifent ces Montai-
Ig n e s : V . M. fe rappellera furtout celle qui
I eft de l’autre côté de la Rivière & dans Ton
I lit même , qu’en cet endroit on a arrangé
I pour fervir de bain aux chevaux: elle fe ma-
I nifefté par une vapeur qui s’élève continuel-
I lement de la furface.
Si l’abord d’Ems eft fauvage du côté de
I NaJJau, il n’en eft pas ainfi du côté de Corn
blentz : la Vallée s’é la rg it, & devient très
I riante j la Rivière y eft claire & paifible:
I elle nous fembloit profonde, tant fa furfaca
lé to i t unie, & nous prîmes d’abord pour un
I petit pont, un troupeau de bétail qui la tra-
Ive r fo it à la file, n’ayant presque dans l’eau
Iq u e les pieds. Quel beau moment pour un I Bergen\ Le Berger & la Bergère entrèrent
I auiïï dans l’e au , fuivis de leur chien & de
I quelques chèvres. L e Soleil qui les éclairoit,
I fa ifo it réfléchir par Beau leurs images ren-
I verfées & tremblotantes ; & le Payfage qui
I embraftbit cette fcène champêtre n’auroit
I pu être changé qu’en le gâtant.
A peu de diftance de là , je remarquai fur
I ; la pente des Montagnes, de l’autre côté de
Tome I I I , Mm, la