
tems la prolongation du fol fur lequel je mar.
chois alloit fe terminer à une même hauteur
fur ces montagnes & paroiiïoit fe confondre
avec elles. Mais lorsque j ’arrivai au bord du
côteau, il ceifa peu à peu de borner ma vue,
qui fe repofa enfin fur un Vallon , orné de
prairies, oùferpente une petite r iv iè re , &
offrant en un feul grouppe les demeures réu.
nies de fes principaux habitans entourées
de leurs jardins & de leurs vergers. Je
m’arrêtai tout court, frappé de l’effet agréable
de tous ces objets; & je ne m’en ferois
pas fitôt détaché, fi je n’a vois été forcé d’interrompre
mon admiration, par une impref.
fion fort différente.
Il faut que je l’avoue à V . M. je me défie
quelquefois de mes fenfations dans ces mo-
mens là , par le peu d’effet que les mêmes objets
produifent fur d’autres ; & j ’en eus alors
même un exemple fort plaifant.
J’avois pris un guide à Gottingue ; ancien
Dragon François, reité dans le Pays depuis la
dernière guerre, & qui parlant Allemand de-
voit me fervir d’interprète au Hartz. Ce fut
par lui quej’apperçus ces contrailes. De fon
côté il commença à m’entretenir de fes Campagnes
: en telle & telle occafion il avoit fait telle
proueffe: il avoit des bleffures qu'il pourrait
reit montrer à un Roi. Mais il vit bientôt que
I je n’aimois pas la guerre, & dans le coeur fans
doute il me méprifa.
Nous étions déjà dans les Collines, & pour
faire changer la converfation , ou y mettre
(fin, je voulus à mon tour lui parler de ce que
j’aimois. Que cette route ejl charmante ! Lui
¡dis-je..,.' Oui, répondit-il, nousaccourcijjons au
\moins d'une bonne heure. Et nous eûmes fini. Quelque
tems après il recommença à me compter
fes vieilles guerres. Que ces céteaux sabaiffent
agréablement dans la Vallée! lui dis-je, en fui-
jvant de la main leurs contours. . . . Oh oui
¡êansi ce Pays- ci on a bien foin des chemins. —
¡Et je me tus encore. Mais arrivé à la vue
d'OJlerode, je ne pus m’empêcher d’éprouver
[encore une fois l’effet que ces objets produi-
foient fur lui; & pour le coup je rendis àdef-
.fein mes expreffions équivoques afin de le laif-
fer bien libre. C’eji un coup d'oeil Jingulier ,
[lui d is -je , que celui de cette Ville placée dn-
Sfi dans ce Vallon. . » . Hélas oui ! répondit-
il; ils font là bas dans un trou, il faut être tout
¡deJJus pour les voir. Je ne pus m’empêcher de
[repartir par un éclat de rire. Il crut que je
[riois de fa faillie ; il l’appuya en riant lui-même,
& je le laiffai croire. Ce .n’eft qu’après
' avoir longtems obfervé combien les mêmes
objets