
L E T T R E LX VI.
Introduction aux obfervations pbyjîques qui ont
fait l'objet de ce voyage au Hartz — — Voya.,
ge au Blocksberg,
H a n o v r e , Décembre 1 7 7 6.
M A D A M E ,
EN fuivant les progrès de l'Homme dans
fa multiplication & fes conquêtes fur
la T e r re , nous l’avions trouvé jusqu’i c i , ou
animé par de continuelles espérances , ou
jouiifant de biens qui par leur nature peuvent
fe renouveller comme lui. Il défriche & fer-
tilife la Terre ; il fe multiplie à mefure qu’il
en tire plus ; & quand il l’aura portée à la plus
grande fertilité poifible, & qu’il fera parvenu
lui*même au plus haut degré de multiplication
, il pourra fe maintenir dans cet état jusqu’à
la fin des fiècles: la Terre lui rendra ce
qu’il lui rapportera après l’avoir reçu d’elle,
& l’Air remplira toujours les lacunes de fou
adminiilration.
‘ ’ Mais
Mais cette marche générale éprouvera bien
des modifications particulières; & il eil des aug-
I menta^ons accidentelles de population, qui
I ne pourront que ceifer avec leurs caufes. Cet-
| te réflexion mêle néceflairement un peu d’inquiétude
au plaifir que procure l’afpeft du
Peuple heureux qui habite le Hartz, presque
[uniquement pour y exploiter des Mines ; &
[l’on ne peut que fe demander, s’il fe confer-
■vera. Le Pays d’alentour le nourrit fans dou-
I te ; & parconféquent il femble d’abord qu’il
■devrait toujours fubiliter. Mais on ne le
■nourrit pas pour rien: & s’il celfoit de tirer
■du métal de l’intérieur de la Terre , on ceife-
■roit bientôt de lui apporter les productions
■de fa furface.
V. M. appercevra dans cette réflexion
■l’attachement que m’a infpiré le Peuple du
mHartz. En le cohfidérant dans la fuite des
■fiècles, je n’ai pu m’empêcher d’abord de
■craindre fa disperfion ; & de chercher s’il
■ferait perdu pour fon Pays, ou pour le Mon-
■de, par l’épuifement des Mines. Mais heu-
■reufement j ’ai entrevu qu’il pourra fubiifler,
■ même, fur fes Montagnes, en fubilituant
■quelqu’une des manufaétures que cette poii-
■tion favorife, à l’extraètion des métaux pré-
■cieux qui ne peut durer toujours. Et dès à
R * pré