
mouvans. Ce font auffi des Plaines, mais
dès Plaines toutes pilonnées, & parfemees de
monticules ou de Dunes, entre lesquelles fe
'trouvent encore de grands espaces où il ne
croît rîen. Il y a peu d’établiflemens dans
ces Bruyères-, on ne peut guère les êcroûter:
& là même où la bruyère s’eft enfin établie,
la couche de terre végétable efl fort mince, dç
fon irrégularité montre les combats qu’elle a
eu à foutenir contre les vents. Ces cantons
là ne feront cultivés, que quand le befoin
d’espace fe fera fait un peu jpîus fentir aux
hommes , & qu’on aura fixé le terrein, par la
propagation des plantes que la Nature employé
à cet effet elle-même.
Enfin la quatrième espèce de terrein incul.
te qu’on trouve dans cette rou te , eft celui
qui fournit la tourbe. Ce font les parties les
plus baffes des Bruyères , d’où les eaux ne
peuvent s’écouler, & où s’eft formée cette
fingulière accumulation végétale. La bruyère
y croit auül çà & là , mais le plus fouvent ce
fol eft recouvert de plantes marécageufês.
En approchant de D/lden, lieu fitué dans
la Province à'Over-IJJel, je vis le Pays prendre
une toute autre face. Les plus belles
plantations d’arbres le diftinguoient de loin ;
les villages fe multiplioient ; il y règnoit une
propropreté
charmante ; plus de Bruyère, tout
étoït en pleine culture & du plus riche produit.
„ Sont-ce là, me d is - je , les fruits de
? l’induftrie nationale ? L e patient & labo-
1 rieux Jlollandois, a - t - i l donc fu tirer un
„ fi grand parti de çe qui refte en friche ail-
„ leurs ? Ce n’eft fûrement pas à une plu»
„ haute antiquité, que ce pays - c î doit une
„ plus grande abondance; car je m’approche
„ de la Mer; elle n’eft plus qu’à douze on
„ quinze lieues de moi. ”
Mon attention redoubla à ce phénomène :
I mais bientôt j ’en apperçus la caufe ; car je
I commençai à voir des canaux. Dès lors tout
I s’explique , fans inculper les Weftphaliens.
I Des canaux ouverts, font naître partout J’a-
I bondance; tous les transports font aifés. L e
I cultivateur de Delden peut transporter fes
I denrées partout, ôc il reçoit aifëment lui-
I même tout ce qui peut aider fa culture ; en>
I grais, inftrumens, provifions.
Cet air riant du Pays s’étend à quelque dis-
I tance en deçà de Delden : mais enfin les Ca-
I naux vivifians disparoiffent, & l’on rentre
I dans des Bruyères, toutes femblables à celles
I qui étoient plus hautes & plus éloignéés de la
I Mer : la croûte de terre végétable eft la mê-
I me; & une grande étendue de terrein, éloignée