
général e il dqnc fon but. Mais comment Je
remplir au milieu de tant d’intérêts à pefer,
de tant de Loix à connoitre ? Son tems s’y
emploieroit tout entier ! C ’eil là au fond ce
qui lui rend le pouvoir arbitraire il doux,
Qu’il ait auffitôt fait d’obferver les L o ix , èt
fon coeur le préférera.
Ce n’efl donc point , à çe que je crois,
parce que l’Homme eil despote de fa nature,
qu’il fubilituë fa volonté k h régie: c’eil feulement
par ce qu’il ne fe donne pas toujours as-
fez de peine pour s’aflurer que ce qu’il fait eil
la Règle. Et fi ceux qui le controllent, lui
montrent le fardeau trop pefant j peu'à peu ii
fe roidit & s’échauffe ; & pour défendre fa
feule pareife, il s’embarque dans les plus grands
travaux. Il deyient Tirana & il ne vouîoit
que de l’aiiè.
Qu’une Nation foit donc afiez fage , pour
mériter l’eflime de fes Gouverneurs, tandis
même qu’elle entretient chez eux la réflexion
par des obilacles à l’arbitraire,* qu’elle les laisse
jouir du peu de douceurs que procure 1?
gouvernement : elle trouvera alors chez eux
fes femblables j c ’eil à dire des Etres qui au
fo n d , aiment le bien & la règle. Et alors
aufli, elle pourra s’en rapporter à eux, bien
mieux qu’a elle-même, fiir les détail* du GouT
vernement; car ils voyent up enfemble qu’elle
ne fauroit voir.
Et les Gouverneurs qui veulent le b ien ,
ne doivent pas s’irriter de quelques obilacles.
J/homme Je mieux intentionné , a befoin de;
réfléchir. Trop.de facilité l’entraine ; il fait
trop & ne voit pas allez bien ce qu’il fait.
Les obilacles font donc un frein falutaire, qui
retenant plus longtems les idées dans les tête*
avant l’exécution , les perfectionne , même
par le feql effet du tems, qui peu à peu le*
préfente fous leurs diverfes faces. En cherchant
feulement à furmonter des obilacles,
il arrive plus d’une fo is , que l’on corrige des
défauts, qui feuls dans le fond, etoient la feule
ca'ufe des obilacles. Le Peuple défapprou-
ye fouvent , fans expliquer nettement pour
quoi. A la voix confufe de fa défaprobation,
fç joignent à la longue des voix qui ne font
plus la Tienne, & qui infenfiblement font dis-
paroitre la vérité. Il ne faut donc pas tarder
à la chercher Îincèrement pour lui-même ; &
il eil bien rare qu’on ne foit paié de fa peine,
par quelques pas vers la perfection.
C’eil ainfi que les habitans du Hartz onç
le bonheur d’être gouvernés, & de s’être
maintenus. Ils font fort contens, parce*
au’on les çonfidère; & cependant le Gou?
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