
de L u i faire part des remarques que je fais
en voyageant.
Je n’ai pas l’avantage de parcourir de ces
Régions lointaines, où tout intéreilè, même
ce qui effc connu ailleurs. Les Pays que je
viens de traverfer , & ceux que je ve r rai
encore , font fi connus, qu’il femble
qu’on doive avoir déjà dit tout ce qu’il y
avoit à en dire.
Cependant des objets plus connus encore
font tous les jours la matière des entretiens
de la Société : 1e Monde, qu’on voit fans ce ife ,
en efl le fujet incpuiiàble j il y a toujours
quelque nouvelle face à confidérer, & il n’y
a pas moins de différentes manières de le
voir.
C ’eit donc par la multitude des faces qu’ont
les mêmes objets, & par la variété des vues
ou des tournures d’esprit de ceux qui les regardent
, qu’il naît & naîtra fans celle de
nouvelles idées, des objets même les plus ordinaires
; & à cet égard les Pays les plus fréquentés
, ne diffèrent point des fujets les
plus rebattus.
C’eil ce qu’il me femble d’apperceyoir déjà
dans ce voyage ; du moins beaucoup d’objets
1y font nouveaux pour moi : & peut- être
que dans leur nombre il s’en trouvera quelqu’un
1 qu’un qui donnera lieu à de nouvelles idées.’
H Ainfi je continuerai à foutenir mon atten*
I tion, afin de trouver s’il m’eft poifible quelq
u e chofe qui foit digne de celle de VoTR#
jBkAJESTÉ.
Je ne me bornerai à aucun fujet particu-
■lier;afin qu’embraffantun plus grand champ,
■j’aie plus de reffouree. Mais je prévois bien
■ furquoi mon attention fe portera le plus fou-
■ vent. Je n’oublie jamais l’Hiftoire de la
I Terre : j ’ai toujours préfentes à l’esprit les
■ idées phyfiques & morales que fournit ce
■ vafle fujet; & les faces des objets nouveaux
■ qui peuvent s’y appliquer, font ordinairement
■ celles qui me frappent les premières.-
Souvent même je n’attends pas qu’un ob-
I jet fe préfente â mes yeux avec fes relations
■ aux effets du tems fur notre Globe , aux ré-
I volutiom qu’il a fubies, aux frogrès de l’Hu-
I manité; il fuffit qu’il puiffe en avoir quel-
| qu’une pour que je l’étudie ; fachant par
[ bien des épreuves, qu’un moment d’atten-
[ tion de plus, peut transformer en un fpeèta-
[ cle intëreffant, la fcène la plus muette. C’eil
ce que je viens encore d’éprouver & de là
■ naît mon efpérançe de tirer quelque fruit
de ce Voyage.
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