
tant fur leur induilrie, n’ont point craint de
s’y établir. Tout y eil artificiel quant aux
eaux, & pourtant ils n’y en manquent pas.
Chaque Bourg a un puits qui perce la Colline
du fommet au pied : c’eil pour la boiflbn
des habitans & pour préparer leurs vivres.
J ’ai vu de ces puits qui ont plus de ioc> pieds
de profondeur. Un tour, armé de grands
bras en c ro ix, fert à élever le feau qui eil
fort grand, & porte en haut tout â la fois la
provifion du jour- pour plus d’un ménage.
Plufieurs femmes s’entendent pour venir pui-
fer enfembie le matin ; & fi les ménages font
allez confidérables pour avoir befoin d’un
feau entier, quatre femmes qui font dans ce
Cas, s’aflocient, & font monter lé feau quatre
fois. C’eit là une première.façon d’avoir
de l’eau , qui eil fans doute dîspendieufe &
pénible ; mais la Communauté fait les fraix,
& l’habitude adoucit tout.
La fécondé manière eil encore pour les
ufages domeiliqués. Elle oblige d’entretenir
jfoigneufement les toits des batimens; & cela
même e il un bien. On raiîcmbÎe dans une
Citerne profonde la pluie qui tombe fur ces
couverts, & une pompe l’en tire. On fait
jauffî des mares dans les cours & dans les jardins
, afin de conferver auflî prés qu’on le
peut,
peut, les eaux de pluie qui tombent autour
de la Maifon.
Enfin le Bourg fait encore une autre pro-
vifion commune. On dirige les eaux de pluie
par des rigoles dans un lieu convenable, profondément
creufé, & qu’un tertre & des
arbres garantiifent du foleil. Cette eau ainfi
raifemblée, eil principalement deitinée à
abreuver les Beiliaux ; & fert aufii de pror
vifion contre les incendies.
C’eil par de telles précautions que ces
Bourgs, quoique guindés fur des monticules
de fab le , ne font jamais entièrement dépourvus
d’eau. Ils fouffrent fans doute un
peu dans de longues fëcherëifes; il faut avoir
plus fouvent recours au Puits , & quelquefois
même aux ruiifeaux éloignés; & ils ont ainil
befoin de travail pour avoir de l’eau, comme
d’autres Peuples pour fe garantir des eaux
qui débordent. Mais enfin, l’exiftence feulé
de ces Bourgs montre qu’on a pu, avec de
l’induilrie, s’y procurer de d’eau daps tous
les tems.
Pourquoi donc ne pourroit on pas auiïi fe
procurer de l’eau au milieu des Bruyères les
plus arides , puis qu’il y pleut ? Il ne faudra
pour cela que de forts motifs'; & le tems
les amènera. Chaque génération prendra la
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