
fit faire aux premiers Cultivateurs de la nouvelle
furface de T e r re , cette déclaration res-
peélable : Malheur à ceux qui joignent tnaifon à
tnaifon, £? qui approchent un champ de l’autre
champ , jusqu’à e t qu’il n’y ait plus de place ; &
fe renient ainfi feuls habit ans du pays (a). Cette
ordonnance, comme toutes celles qui procèdent
de la même fource, fatisfait l’esprit,
autant qu’elle faiüt le coeur de tout vrai Cosmopolite;
le plus grand bonheur du Monde
n’aura lieu, que lorsqu’elles feront devenues
la bafe des L o ix , & le Principe des Gouver-
nemens.
11 y a donc fans doute des différences dans
la marche que fuit la population à la nouvelle
furface de la T e rre ; différences produites
par dès caufes accidentelles ; comme la di-
veriité des Gouvernemens, & les révolutions
des Etats. Mais le fond de cette marche effc
toujours le même. Que la Terre fe cultive
pour des gens tranquilles & heureux qui la
faffent produire eux-mêmes , ou pour des
gens agités par leur entaffement & q u i portent
leur inquiétude jusques chez les cultivateurs
; toujours la culture fait fes progrès na-
\ turels dans les ’ terreins fauvages, à mefure
que
( « ) Efsit Chap. V. v. 8.
que les dépôts de l’A ir , qui les fertilifent, les
rendent tentatifs pour l’Homme : & ces progrès
font affez marqués, pour que nous puis-
fions en appercevoir l’origine fans rétrograder
bien loin.
Je n’ai pas été moins frappé, en abordant
de noiiveau les côtes de la Hollande, de la
différence tranchée qui fe trouve, entre les
parties de nos Continens qui doivent leur ori-
I gine à la grande révolution qu’a fubi la Ter- I re , & celles que la Mer y a dès-lors ajoutées. I Mais cette fois encore je n’ai pu y donner
j qu’un coup-d’oeil.
Il valoit certainement la peine d’eiilever
ces derniers terreins à la M e r , malgré les
1 travaux continuels qu’exige la e.onfervation:
I de cette conquête. L ’humidité qui les pénètre,
y donne à la végétation une force qui
étonne les habitans des Pays fecs. Le Suiffe
n’eit pas moins frappé de la hauteur des avoines
, du lin, du bled farrafin, des fèves qui
croîffent dans ces anciennes Lagunes ; que
ne l’eil le Hollandois de la hauteur des Alpes.
Je ne reviens pas fiirtout de la quantité &
de la beauté du Lin que j’ai vu en traversant
ce Pays-là. Tous les Villages étoient bordés
de meules de cette plante ,> que par leur grandeur,
leur nombre, & la groffeur des tiges,
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