
De Busbach à Friedberg, & plus encore dol
Friedberg à Francfort, il n’y a plus que du Sa.
ble ; je n’ai vu de matière volcanique que
dans les villages, où elle fert de pierre à
bâtir. Dans ce trajet, les Collines s’ouvrent
& s'éloignent de part & d’autre ; ce n’eft
plus qu’une Plaine ondoyée, & toute culti-
vée pour le grain, jusqu’ à la fameufe Colline
de Bergen , qu’on traverfe pour arriver ï
Francfort.
J’entrois - là dans un Pays dont j ’avois déjà
quelque connoisfance par mon Frère. Il J
voyageoit il y a vingt ans, & il m’écrivit à
G en è v e , qu’il avoit vu des pierres à Franci
fort qui étoient indubitablement de la Lave,j
I lia reconnut d’abord dans la maifon où ilj
logeoit ; il la retrouva dans les bornes qui
font plantées le long du glacis de la Ville;
& s’étant fait indiquer le lieu d’où l’on tiroit
cette piérre , il y trouva une Lave toute
femblable à celles qu’il venoit de voir en b |
lie. Ce lieu eft nommé Bockenheim , il eft
en Plaine à une demi lieue de la Ville ; &
mon Frère n’apperçut aucune hauteur volcanique
bien loin à la ronde; quoiqu’il continuât
fes recherches jusqu’aux Montagnes,
diftances de quatre lieues de Francfort.
Dan-â ce même voyage, descendant le
Rhin
Rhin par Mayence , Coblcntz & Cologne, il y
vit déjà ces mêmes matières volcaniques que
Mr. C o l l i n 1 a depuis décrites, & il en
apporta des échantillons à Genève. Ainil je
les reconnaîtrai plus aifément fur les lieux.;
comme j’ai reconnu la Lave dans tous les
vieux bâtimens de Francfort, d’après ce qu’il
m’en avoit dit dans ce tems là.
Nous nous fommes trouvés dans cette V ille
au tems d’une Foire : ç ’a été un objet de curïofi-
t é , mais nullement de plaifir, pour moi : je
; n’aime pas les Foires. Cette inftitution a
• pris fon origine dans des tems bien différens
■ des nôtres. Il y avoit moins de Commerçans
| partout, moins de moyens de fe communi-
I quer à une grande diftance, moins de facilité
& d’habitude de voyager.
Les Foires étoient alors des lieux de ren-
i dez-vous, o ù , fans de longs voyages ni commerce
de lettres, on faifoic réellement & fur
le champ, l’échange des produits des Arts &
de la Nature de différens Pays, foit par des
trocs immédiats,foit par l’argent, quifervoit
d’intermède. Dans ces tem s -là , les Foires
étoient un bien ; tout s’y exécutoit avec
I fureté.
Dès lors le nombre des Commerçans s’étant
accru beaucoup au delà du befoin , ils