
prenois point, m*éclaircit ce qu’elle attendoit
de fa capture. Je ne rompis point le fil,
je méritai à peu de fraix que le même bras
paiTât autour de moi pour me délivrer. Ja-
mais une petite pièce de monnoye ne fut de-
-mandée plus gaiement, ni reçue de meilleure
grâce. . . Bien peu la rendit contente. De
quoi lui ferviroit le plus ?
Quel plaifir n’a donc pas l’homme humain
en multipliant une pareille race ! Quel tréfor
pour un Etat que de tels habitans ! Les révolutions
politiques qui arrivent dans le monde
,. peuvent bien de tems en tems porter le
trouble dans les cabanes ; mais les ïmpreflions
y font bien moins durables. Ôn n’y cherche
qu’à vivre ; & la terre reconnoiflante y pourvoit
bientôt, dès qu’on revient à la cultiver.
Nos Colons ont fans doute fouffert dans les
dernières guerres,* cependant ils prospèrent,
ils fe multiplient; & , je le répète, ces petits
retards n’empêchent point la continuation du
travail de la Nature.; Si les hommes en profitent
un peu plus tard, tout le tems n’efl: pas
perdu; ils trouvent fon travail plus avancé.
Cette dernière réflexion, qui s’eft prefen-
tée plus d’une fois à mon efprit pour remplir
certaines lacunes dans le plan apparent de la
Providence , m’a fait dire cependant d’autres
• : fois
fois à moi-même ; pourquoi âes progrés dans Cfe
qui tend au bien? Le bien ne pouvoit-il pas être
produit dès l’abord J & en ce cas ne devoit*il
pas l’être? L ’Homme eft impatient;' & c ’eft
ce qui le rend attif. L ’impatience lui étoit
donc néceffaire: or cela feul peut répondre à
l’objeêlion. On ne fauroit imaginer aucun
état de chofes, où l’impatience humaine ne
trouvât de la lenteur , & toujours au même
degré; car nous allons toujours au bout de
nos facultés dans tout. Nous n’avons donc
aucune raifon de ne pas croire, & nous
a v o n s au contraire toute forte de raifon de
croire,qu’entre ces differens états des chofes,
qui tous auroient également exercé notre impatience,
Dieu a choifi le meilleur.
Je finis ic i, Madame, l’esquifle bien imparfaite
de ces progrès de la végétation & des
défrichmens, qui marquent fi bien que le
Monde eft jeune; du moins dans l’état où il
fe trouve; & que la race a&uelle des hommes
ne l’occupe pas depuis des centaines de
fièçles, comme quelques Philofophes l’ont
imaginé. J’espère qu’il viendra un tems où
cette vérité ne fera plus douteuie. Que des
yeux attentifs fixent cet objet, & de nouvelles
preuves s’offriront de toute part. Leur
nombre alors produira plus de lumière; on
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