
beaucoup auffi par l ’intérêt qu’ils m’y yo-
yoient prendre. Ainfi nous nous feparâmes
fort contens les uns des autres, fans cependant
avoir pu échanger presqu’aucune idée,
qu’ à force de geftes;
J’ ai recours à l’indulgence de V . JVf.
en m’appercevant que je viens encora
de L u i raconter une de ces fcènes où j ’ai
p eu t-ê tre trop laifle du comique qu’elles
«voient réellement. Mais e’eit ainfi qu’eil le
M o n d e , & V . M . le voit bien. On reproche
à S ü a k e s p e a r d’avoir introduit quelquefois
des perfonnages ridicules dans les fcènes
lès plus terribles ou les plus touchantes* C’effc
q u e S h a k e s p e a r n’avoit d’autre ar t , que
celui de fe laifler infpirer par la nature, qui
met à tout moment ces , contraires devant
nos yeux. Je lifois dans l’apologie que fait
M r . D i d e r o t d’un de fes C o h te s , qu’il
fau t que le peintre fâche quelquefois gliifer
une verrue fur le vifage d’ une belle femme,
afin que nous la prenions pour une femme rée
lle , & non pour la Vénus de la Fable dont
la beauté ne nous touche point. Je fus frap*
pé de la vérité de fa remarque ; ces beautés
d’imagination font des hypothèfes, ce n’eit
pas la Nature (n ) .
L e s
.(•<* ) „ Vos Figures font belles, il vous voulez, ” dit Mr.
P i*
Les mêmes objets affeêlent différemmenc
les hommes malgré euxj c’eft là un des traits
c ara£lériftîques des évenemens réels: & c’eft
en même tems une vérité à laquelle nous ne
faurions être trop attentifs pour être juftes.
£c comme c’e il l’une des maximes favorites
de V. M- j ’ai espéré qu’ELLE ne défapprou-
veroit pas que je p a ife la liberté de L u i en
donner ces petits exemples, qui fe font rencontrés
fur mon chemin.
De Catlenbourg je repris la route des Collines
jusqu’à Ndrten, & j ’arrivai le foir même
à Gottingue.
D i d e r o t ; „ mais il y manque 1« verrue à la tempe, 3«
J couture à la lèvre, la marque de petite Vérole à côté da
„ nez, qui les rendroiint vrayes.
L E T T R E