
les hommes ont pu en jouir, en fe précaa-
tionnant contre les inondations. Les bords
de la Mer fourniflent une multitude d’exemples
de ces changemens. Mais auffi, c’eft là
toute l’augmentation que nos Continens ont
reçue, & qu’ils peuvent encore attendre des
dépôts des Rivières & du travail de la Mer.
Dans les lieux où le terrein n’eft pas précieux,
ni la poiitiôn bien avantageufe, on
laifle agir le tems. Les vents continuent
donc à transporter du fable, & les Rivières
des dépôts dans ces petites Mers Médtter-
rannées, qui peu à peu fe comblent : & à
mefure que les aîterriJJ'emens fe complettent,
les hommes y étendent leur domaine fans
impatience , n’étant prefles par aucun motif.
Mais il n’en a pas été ainfi de la Hollan-
de. On y a defféché les Etangs ou Lagunes
par des machines; en faifanc des digues, partout
où l’on avoit à craindre que les eaux ne
rentrâflent dans leur empire; & on les a ainfi
maintenues plus hautes que ces nouveaux ter-
reins.
C’eft par là qu’en divers endroits, les Rivières
ayant leur cours au deifus du niveau
des terres, les menacent continuellement
d’irruptions ; & que les pluves feules en fe-
roient bientôt de nouveaux étangs, fi l’on ne
jpompoit fans celle. * Qaant
Quant aux lieux où l’atterriflement étoit
parvenu au niveau des hautes màrées, ou
qui peut -être étoient déjà à cette hauteur
dans leur origine , on s’eil c.ontenté de les
entrecouper de canaux, pour faire écouler
leurs eaux dans les Rivières au moment où
elles font baffes, & d’empêcher fon retour
par des Eclufes. Et c’eft dans ces mêmes
canaux que les. machines portent fans celle
l’eau qui fe raffemble dans les terreins plus
bas.
Voilà Madame une légère esquille de ce
|| fingulier Pays. Pour peu qu’on l’étudie, on
I voit que la Mer n’a fait qu’ajouter quelques
bordures en certains endroits de nos Conti-
; nens; bordures fi bàlfes même, que les hom-
! mes n’en jouiroient point encore, s’ils n’é-
| toient induftrieux. Et ici fe préfente une
I autre réflexion, qui milite encore contre la
f prétendue antiquité de nos demeures. Ces
\ travaux de la Mer ne font point extrême-
| ment lents ; on y diftîngue les traces des fiè-
| des. Je ne les détaillerai pas à V . M. ; les
partifans des changemens fuccefîifs de la
| Mer, ont pris foin de les recueillir; détrui-
faut ainfi d’une main, le frêle Syflême qu’ils
s’efforçoient d’élever de l’autre. Si nos Çonti-
nens étoient fort anciens; ces bordures,, aux-
E e 3 quel