
chaîne de Montagne, mais différente en différentes
chaînes. Cette hauteur tient peut-
être à celle des fbmmités environnantes, qui
étant plus ou moins élevées, font plus ou
moins obitacle aux vents.
Nous arrivâmes à deux heures & demie
du matin, au lieu où nous nous propofions
d’attendre le jour pour monter fur le Blocks-
ber g ou Broken. Ce lieu, nommé Oder ■ bru.-
cke, n’eil proprement qu’un Cabaret, que le
Gouvernement entretient pour la commodité
des voyageurs dans ces Montagnes. L ’ob*
fervation du Baromètre nous apprit que l’élévation
de ce lieu étoit de 92 Toifes de France
au deffus de Claujlbal & de 358 au délias
de Hanovre. Et vu le peu de rapidité des Rivières
de Hanovre à la M e r , je ne crois pas
que la hauteur d'Oder-brueke fur ce dernier
niveau excède 40a Tqifes,
Les nuages occupoient déjà les enyirons
quand nous y arrivâmes; ce qui nous donna quelque
crainte pour lefuccèsde notre courfe. Dès
que le jour parut je fortis de la maifon pour
voir ce qui fe palfoit au dehors. Les nuages
rouloient rapidement fort peu au deffus de
nos têtes : mon nouvel hygromètre, expofé à
j ’air lib re , marquoit beaucoup d’humidité,
piais avçc des variations continuelles & très
brus-
[brusques ; tellement que l’aiguille qui les in-
[diquoit étoit dans un mouvement continuel,
iC ’étoit l’effet des franges légères des nuages,
■qui s’abaiffoient jusqu’à nous.
I La faifon nous laiffant peu d’espérance de
■juteux rencontrer en renvoyant la p a rtie ,
■nous nous déterminâmes à en courir l’çvenç-
■jjjgut ; & nous partîmes d’Oder-brueke à 9
■ heures. Avant d’être arrivés à la moitié de
■la hauteur du petit Broken nous fumes dans les
I nues ; c?eil à dire presque dans l’eRU ; car les
I plantes très hautes au travers desquelles nous
Imarchions, nous mouilloient autant qu’une
I grande pluie; & les nuages qui les inondoient
■ ainfi, ne nous épargnoient pas. Peu à peu
I ils devinrent plus froids, & nous commençâr I mes à les voir fe condenfer en glace, fur quel-
! ques corps ; puis tout fut verglas ; il nous I fembloit marcher fur du verre ; les moindres
I brins d’herbe, les fils d’Araignées mêmes ,
■ oceafionnoient des lames de glace transparenr
I te de demi p o u c e , quelquefois d’un pouce
| de largeur, qui en fe briiant faifoient le bruit
[ du verre.
Ce brouillard, fi épais qu’il nous cachoït
! les objets à dix pas de diilance , nous jetta
bientôt dans l’embarras. Comme il ne s’a-
giffoit que de monter pour arriver aufommet
R 5 d$