
perçus une petite fille s’approcher ; puis fe
retirer; ayant l’air de vouloir quelque chofe,
fans ofer le dire. J’aurois voulu lui demander
ce qu’elle cherchoit ; mais en quel langage
? Je me contentai donc de la mettre à fon
aife, en affe&ant de ne pas faire attention à
les mouvement. Peu à peu elle s’approcha,
comme ces moineaux qui infenfiblement pas-
ient des baffe-cours jusques dans les offices.
Je vis fes petits bras s’allonger vers la table
où j ’écrivois ; une planchette fut foulevée,
& a ma grande furprife, je de'couvris que j’é-
tois fur une espèce de piano fort? , dont fes
petits doigts commencèrent à ébranler les
cordes. Elles ne réfonnoient guère plus que
du bois; cependant elles étoient très bien
d’accord ; & ma petite fillette employant peu
à peu toutes fes forces, me fit entendre à la
fois les deux deffus la baffe d’un petit air
très harmonieux. Je ne bougeai point pendant
tout ce tems-là; mais à la fin de l’air,
ayant voulu faire montre de mon allemand,
en lui témoignant le plaiiir qu'elle m’avoit
fa it, je m’avifai de dire fébr g u t, fehv gut.
A cette marque d’approbation mon petit moineau
y envola, & il ne fut plus poffible d’en
tirer une note. Alors une plus grande fille
s’avança , & ayant fait une révérence , fe
mit en devoir de réparer ce qu’elle regardai«;
comme un affront pour moi. -Elle joua donc
«affablement quelques autres petits airs.. Un;
Lme garçon plus âgé’, & cependant plus t i -
mi .de 3 vint enfoite, fur des fignes invitatifs;
dè ma part, me montrer que je neïm’étqis
pas trompé èn penfant qu’il jouoit auiïï. Un;
quatrième enfant vint encore,’ c’étoic un petit
garçon, le plus jeune de la famille, qui"
; pouvoit déjà arranger quelques notes., Enfin
chacun étoit muficien dans cette maifon-là;.
& les payfans interrompoient leur entretien;
pour le plaiiir d’entendre; J ’interrompis auflî;
ma première occupation, pour jouir ;de tous;
les fentimens agréables que- cet enfemble,
m’offroic. Mais ici encore mon Dragon,
me força à changer le cours de mes idées.,
Obqu’ejl-ce que cela! fe prit*il à dire, voyant-
combien j ’y prenois de plaiiir : A b ! f i •ojmf
aviez entendu *** que mus. avons à Gçt-l
tingue ! c’efî ça ma fo i qu’il vaut, la peine d'ècou-:
ter ! Le bon homme, qui ne lavoit pas que;
j’avois eu le bonheur d’entendre toucher ..le
chveffin, fe méprenoit encore totalement!
fur la nature de mon plaifir : il :ne voyoit pas?
qu’il étoit alors dans celui qu’avoient autoû?)
de.moi, & les petits mufieiens, & leur audience
ruftique. Je crois que je les amufaf
beau-*