
lafaltes ; mais ils ont été les derniers, & le
Pays a totalement changé de face. Nous voilà
rentrés dans des Plaines bien femblables à
celles de la Flandre, & qui cependant me
rappellent les Bruyères ; & je ferois furpris fi
nous n’en retrouvions pas fur notre chemin.
L E T T R E L X X X I i l .
Route de J u l i e r s à B r u x e l l e s par Ma*
S T R I C H T T O N G R E S .
B r u x e l l e s , le zge. ylre 1777.
M A D A M E ,
EN fmiiîant ma dernière Lettre je difois
à V . M. que quoique les environs de
Juliers foient femblables à une grande partie
d e là Flandre, ils m’avoient fortement rappelle
les Bruyères. La Flandre elle-même
ayant dès lors continué à produire le même
effet chez moi, je vais l’expliquer à V . M.
& L u i expofer les idées que cela m’a fait
naître.
Deux chofes principales cara&èrifent les
défrichemens dans les Bruyères : l’une que les
prqprèmiers
Colons ont préféré, les fonds aux
éminences; l’autre que les Colonies reifem*
bient à des liles dans une Mer. Or dans les
P a y s dont je parle, on retrace de pareils étà-
bliffemens par la pofition des Villages &
par leur aspeèt ; on y retrouve même les fos-
fé s , & la terre relevée au dedans qui marquent
les premières enceintes cultivées, <Sc
dont l’ufage s’eil confervé,
Après avoir formé cette conjecture, malgré
la culture générale du Pays.de Cologne. &
de Juliers, & jusqu’à Sittard, je la vis fe réa-
lifer entièrement de Sittard à Maßricht, où
peu à peu nous rentrâmes dans des Bruyères
toutes femblables à celles de la fVefiphalie de
la Gueldre & de la Baße-Saxe; & déjà auparavant
j ’avois remarqué en mille endroits,
que la bruyère & les genets guettoient partout
l’occafion de s’emparer de toutes les petites
bandes de terrein que la charue ou la faulx
ne troubloient pas. Ces parties des Pays de
Juliers & de Cologne, entièrement cultivées
aujourd’hui ainfi qu’une grande partie de la
Flandre, ont donc été probablement des
Bruyères ; & les défrichemens que nous
voyons faire aujourd’hui dans les Bruyères
encore fauvages, ne font que la continuation
du travail des hommes pour s’approprier
M m 5 le?