
les nourrir. Celui donc qui plante un arbre,
tend le filet le plus grand pour s’aflurer cette
proie.
La population encore, effet de la fertilité
, en devient à ton tour une caufe. Plus
on recueille fur un même terrein, dès qu’on
n excède pas ce qu’il peut produire naturelle*
ment ; plus on augmente fon produit. Les
plantes arrêtent les particules végétables qui
flottent dans l’air; & foit qu’on les arrache
au moment de leur maturité en les remplaçant
par leurs femences, & qu’après cela on
en fiourriffe les hommes ou les animaux ; foit
qu’on les laiffe fe confumer fur la plaee; c ’efl
toujours leur decompofition qui nourrira de
nouvelles plantes. Maïs dans lê premier cas,
le terrein préparé par la culture, produira
bien plus que dans le dernier. Si donc Je
peuple d’un pays confomime tout ce qu’il peut
produire ; il produira toujours davantage,
jusqu’à un point de fertilité dontnousne coh-
noiffons peu t-ê tre pas les bornes & dont la
Baleftine fut autrefois un grand exemple;
Que le pays fe dépeuple par quelque caufe
morale ; bientôt cette fertilité exceihve
diminue avec la caufe qui la produifoit.
Ces jardins & ces prés des environs de Londres,
où l’on puife-fans coffe une partie esfen
»
fentielle de la nourriture d’un peuple immen-
fe , rentreroient peu à peu dans l’ état de fe rtilité
commune, ii- Londres leur étoit ¡enlevé.
Mais pour revenir à: nos Cultivateurs des
Bruyères, qui font encore à bien des ficelés
d’une telle profufion ;:. il eil très apparent ,
que dèsfqu’ils ne fe contentèrent plus du lait
de leurs brebis, du miel de leurs abeilles, &
de gland, dès qu’en un mot, ils prirent goût
au produit de la culture ; le pays redevint
fauvage pour e u x , & leur nombre fe re-
duifit peu à peu à' celui que les ; nouvelles
■ fubfiftances pouvoient entretenir,
i C’eil de cette nouvelle race d’hommes ,
que l ’hiiloire eil un peu mieux connue : on
retrace fes progrès fous le Gouvernement
féodal; La poffeflion de ces nouveaux habitans
eil presque partout de la naturel que
ce -genre de Gouvernement avoit établie. Ils
font dë Amples Empbytéotes , qui ont le droit
de recueillir les fruits de la terret dans les
lieux où ils l’ont défrichée ;, par les conces-:
fions des Seigneurs & qui' le fol étoit cenfé
appartenir, 1
Mais ce n’eil pas l’hiiloire, politique flu
Pays que je me propofe de fuivre ; pareeque
celle de l’Homme n’y tient que fort peu.
Malgré cette forme - de Gouvernement, ’les