
ble nouveauté. Les légumes d’ailleurs qui
croîflent dans ces fables, ont une faveur ex-
quife : on le fait bien dans les V ille s , & le
luxe fait fouvent venir de fort loin, ce qui
fait le mêts ordinaire des plus fimples Colons.
En un mot tout fent l’aifance champêtre ; &
Pafpeâ de ces bonnes gens, ne dément pas
ce que leurs alentours me difent de leur boni-
heur.
Us ne demeurent point oififs dans leurs re?
traites. La gelée, la neige & en général le
repos de la végétation leur donnant du loifii*
chez eux, ils s’y occupent à filer le lin ou le
chanvre qu’ils ont recueilli. Plufieurs auffi
font Tiíferands, & l’on exporte beaucoup de
leurs toiles. C’eft là vraiment une manufacture
utile au Pays, & qui ne peut jamais lui
nuire. Elle n’occupe que des gens que le Pays
même nourrit, & elle ne les occupe point
aux dépends de. la culture de la terre. Le
produit de leur lin & de leur chanvre les excite
à multiplier leurs engrais ; par là leur
bled ne perd rien , & la transformation du
lin ou du chanvre en toile , leur fait paffer
auifi gaiement qu’utilement la faifon où le
froid les renferme.
Ce font les femmes furtout qui s’occupent
de ce travail. Oe ft un vrai plaifir de les voir
rafraflemblées
avec leurs rouets & leurs quenouilles.
Comme le tems paife rapidement pour
ces femmes-là, tandis que tant de Dames
s’ennuyent ! Je n’oublierai jamais une petite
aventure qui m’arriva entre Boomte & Diepe-
nau. Le Poftillon s’étant arrêté devant une
maifon qui eft à mi-chemin, pour donner à
fes chevaux le tems de prendre haleine , j ’ y
entrai félon ma coutume. Une belle femme
en éïoit l’hôtefie ; femme déjà d’un certain
âge, mère de quatre jolies filles,que j’entrevis
dans un poêle & qui m’invitèrent à y entrer.
Trois d’entr’elles filoient, & la quatrième
faifoit de la toile. Je compris qu’elles
me propofoient de me chauffer auprès de leur
fourneau, mais je préférai d’examiner leur fil
& de voir courir là navette. , Mon attention,
les amufa : j ’obfervois avec plaifir leurs phy-
fionomies, & bien loin de les déconcerter en
les fixant, je les amufois encore davantage.
M ’étant approché de plus près de celle qui
étoit au métier, je fentis tout à coup fon bras
paffé autour de moi. Je fus d’abord furpris ^
de ce gefte , mais je n’eus pas le tems de
l’interpréter mal; car la main s’étant retirée,
je ne vis plus qu’un fil qui m’avoit fait pri-
fonnier. Puis un gracieux fourire, qui interprétoit
à merveille des mots que je ne compre