
Ville pour fe retrouver au niveau des Rivières.
Etant arrivé d’affez bonne heure à 'Nimè-
g«?, j ’en profitai pour voir cette V i l le , : qui
m’avoit plu en la traverfant dans mon précédent
voyage. J’eus le tems dé parcourir de
jour tes quais qui bordent la R iv iè re ; &je
leur trouvai un air très agréable de commerce
& de mouvement. Il faut fans doute de
ces entrepôts-là, pour répandre les chofes né-
ceifaires à la vie , dont certains lieux abondent;
& les bords des eaux y paroiffent destinés.
Mais qu’on veuille du commerce par.
tout ; c’eil vouloir partout de la mifére.
Tous les hommes ne peuvent pas être employés
à échanger ; & tous les lieux ne
font pas propres aux échanges. Une L o i
générale, qui fixerait fur la Terre le nombre
des Marchands, rendrait un grand ferviceau
Genre humain. Le Monde s’eflaye encore,
& il trouvera enfin le mieux, foit par l’expérience
des individus, foit par les obfervations
des' Philofophes , qui répandront les expériences
particulières.
En quittant ces quais je rentrai dans la Ville
, & j’en parcourus ta plupart des quartiers
avec qn grand plaifir. Je ne m'attendais pas
à y trouver une fi grande population; & tant
de vivacité & de gaieté dans les habitans.
H Wh3
La foirée étoit fort belle, & les rues étaient
remplies de peuple qui en joüiifoit de diverfes
manières. Un grand nombre de gens de tout
âge & de tout fexe s’y promenoient; un plus
grand nombre encore, aflis devant les mai-
¡fons fur de petits bancs de pierre, chantoienü
tou s’amufoient par des converfations très ani-
jmées. C’e il- là un des précieux avantages
¡dont jouiflent les Villes bien réglées, qui ne
[font pas allez grandes pour que leurs habitans
deviennent étrangers les uns aux autres, &
par là défians. Je n’aime pas les fortifications,
à caufe des idées qu’elles font naître ;
mais elles ont au moins cet avantage, qu’elles
s’oppofent à l’agrandiffement des V ille s ; &
c’eil une compenfation.
J’obfervai de nouveau le terrein qui fépare
Nimègue d’Arnheim, & il me parut toujours
fort'différent de Celui que je venois de tra-
iverfer. Il n’y a point là de Bruyères ; c’eil
une plaine aufli unie qu’un L a c , occupée par
les plus belles prairies ; & il a fallu y faire une
chauffée très élevée, pour pouvoir la traverfèr
en tout tems. Le fol diffère auffi beaucoup de
Celui des Bruyères : c’eil un Sable terreux #
gris , uniforme, femblable à celui que le
Rhin charie encore à cette diilance de la Mer.
Je croirais volontiers que c ’eil un atterriffe-
G g a ment,