
me foui une petite contribution au Public;
que les cris de bénédiction qu’il pouffera
lorsqu’il viendra à fentir fon bonheur ; fe répandent
fur toute la chaîne. Surtout, que
celui qui contribuera le plus à y faire couler
cet esprit de vie, fâche fe cacher le plus, &
en profiter le moins. Voilà les premiers
principes du plan à former, dont parconfé-,
quent, ni la formation, ni l’exécution, n’eil
aifée. Il faut que ces hommes, tout à la fois
bienveillans, habiles, conitans, & capables
de facrifier leur gloire , naiffent dans un
Pays , pour déterminer ces heureufes révolutions
auxquelles tend l’Humanité ; & il en
naît peu.
Cette agréable journée fe termina par notre
arrivée i c i , & ce. n’en fut pas le moment
le moins intéreffant. Que les hommes ont
feu fe procurer d’agréables demeures , tant
qu’ils ont été fimples & qu’ils ont pu choifir!
Il efb peu de iîtuations fi agréables que celle
à'Hcidelberg ; & peu furtout, annoncent une
durée plus grande de beautés naturelles.
Bâtie au bord du Necker , à l’entrée d’un défilé
presque entièrement occupé par la Rivière
, elle jouit du voiiinage de la Plaine la
plus fertile, & des pentes de Montagnes les
plus propres à la culture j quoique immédiatetement
environnée de Collines, q u i, par
leur pofition , font presque impropres à tout
autre production qu’à des Bois. Elle ne perdra
donc point ce beau pittoresque de la N a ture,
en même tems que fa fituation la garantit
des magnificences de l’Art. Elle eil
bornée du moins, quant à l’agrandiffement ;
car elle £Îl confinée d’un côté par la Rivière,
& de l’autre par la Colline, fur laquelle èlle
s’élève & s’étend déjà, autant que les rochers
l’ont permis. Auffi a-t-elle ceffé d’être Capitale.
Cependant tout y eil gai ; les bords de
la Rivière font charmans, & l’on jouit au
dedans de la Ville d’auffi agréables coups-
d’oeil, qu’elle fait elle-même un objet agréable
lorsqu’on vient à la découvrir. On ne
la voit pas quand on en approche le long des
Montagnes ; & tout à coup, en entrant dans
]e défilé, elle fe préfente fur le penchant de
cette Colline, furmontée d’un des plus beaux
Châteaux antiques qu’il y aît dans ces Contrées
, & égayée par la verdure des Bois.
Nous lui deilinons un jour, & je ne doute
point que ce ne ioit un des plus agréables de
notre route.
K k 5 L E T T R E