
àefentir qu'on efl libre il porte aux eXcès, &
ceffe d’être un moyen de bonheur. Car bien*
tô t les aétes par les quels on le f e n t , devien*
nent habituels & ne touchent plus ; ce n’eil
donc qu’en augmentant fans ceffe leur nombre
& le u r force qu’on fe croit libre; &fouvenc
le corps politique eft détruit, avant qu’on ait
pu dire c'eft ajjez. Telle eft l’hiftoire de tous
les Peuples qui ont mal entendu ce que c’eft
au être libre, & qui par là ont paffé les bornes:
on les a vu inquiets & malheureux au
milieu de jouïffances qu’ ils euffent regardées
auparavant coinme Je faîte du honheur. On
appelle cela s'éclairer : il me femble que c’eft
s’égarer & fe perdre. Heureux , dirois -je
p lû tô t; heureux les Peuples, chez qui la no* >
tion exaltée de Liberté ne s’introduit point;
& qui ignorant la Politique , repouffent l’op-
preffion, comme l’homme altéré fe procure à
boire quand il a foif.
Quand les Gouverneurs & les Gouvernés
font mutuellement contents, l’Etat trouve
mille reffources qu’on perd de vue dans les dis*
fentions. C’eft un grand p o in t, par exem*
pie , que d’affurer la fubfiftance de la claffede
gens qui, par tout, v it au jour la journée;
& cela ne peut fe faire que dans un Etat tran*
quille & bien réglé«
M ,
Au Hartz, la confiance mutuelle a produit
pour les Mineurs ce grand bien, qu’ils ne làu-
roient jamais manquer du néceffaire. On fait
¿é qu’il faut de bled annuellement à chaque
famille ; ort connoiü la portion du falaire dut
chef qu’il peut employer à cette provifion $
on y a proportionné le prix du bled, & il l’à
en tout tems à Ce prix dans les Magafins du
Roi* Il ne cherche point s’il pourra l’avoir
à meilleur marché ailleurs dans les temé d’abondance
; parce qu’il fait qu’on ne le lui
hauffera pas dans les tems de difette ; & il
l’éprouva bien heuTeufement pour lui dans
ces terribles années 17 71 & 1 7 7 2 , qui firent
périr tant de malheureux dans les Montagnes
de Saxe foit par la faim, foie par les maladies
qu’occafionnèrent de mauvais alimens. A a
Hartz l’attente des Mineurs rie fut point
trompée ; ori fut fidèle à l’engagement pris
avec eux. L e Gouvernement fit des facrifi-
Ces & de grands efforts, & le Mineur eut
toujours fon bled comme dans les années les
plus abondantes.
Je n’ai point oublié , M adame ’que nous
fommes encore dans l’Eglife de Claujlbal ,
quoique je vienne de faire une fi grande ex-
curfion ; mais je devois expofer à V . M.,
O 2 de