
L E T T R E L X X V ,
*
Première esquijfe du fo l de la H o l l a n d e ,
L a H a y e , le 30 Xbre 1775,
M A D A M E .
ME voici arrivé dans l’enceinte des As.]
nés & des Digues: dans ces terreini]
presque artificiels, où l’induilrie de l'Homme
lutte contre les difficulté* , parce qu’elle eff
encouragée; mais où fon impatience l’a chargé
d’un fardeau qu’il a peine à fopporter.
Pour donner à V . M. une idée plus juftfl
de ces Contrées, il faut que je reprenne
quelques explications que j ’ai eu l’honneur
de lui donner ci-devant.
Dans les lieux où les bords de la Mer
font trouvés d’un fable très mobile, les vagues
& la marée y ont formé des bancs de /a-
lie les vents ont élevé des Dunes. Les pr&
miers font des accumulations de fable qui fe]
forment-fous les eaux; quelquefois mobiles;
d’autres fois allez fixes pour s’accroître fansj
' ce ¿Te,
celle , & former peu à peu des I lle s , qui
élèvent leur furface au - deflus des baffes marées.
Les Dunes font des monticules de fable
, que les vents élèvent, & qui quelquefois
fe confervent.
Si fur une plage baffe, ( c ’eft-à-dire dont
la pente vers la Mer & fous les eaux étroit
très peu fenfible) les vagues ont formé un
cordon _ de bancs de fable allez éleve pour
atteindre la furface de l’eau, les vents de mer
ont pouffé le fable vers la terre dans le tems
des baffes marées, & ont ainfi comblé plu-
fieurs des Lagunes formées derrière les ban'cs.
puis il s’elt élevé peu à peu des monceaux de
fable entre la Mer & les Lagunes , qui les
ont féparées.
Les Rivières cependant ont maintenu leur
paffage à la Mer, & les dépôts qu’elles ont
chariés fe font répandus dans les Lagunes^j
mais principalement fur les bords de leur
courant. Avec le tems ces dépôts fe font accumulés
, & ont forme les bords des canaux
dans lesquels paffent a pvéfent les Rivierej.
Plufieurs Lagunes fe font trouvées ainfi renfermées;
d’autres ont maintenu des communications
avec les Rivières ou avec la Mer;
plufieurs enfin fe font entièrement comblées,
<Si font devenues très fertiles; tellement que
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