
part de fes informations : il en refulte, qu’en
quelques endroits la bruyère recouvre le fol fa-
blonneux -parfaitement en dix ans ; dans d’autres
en vingt ans, trente ans, fuivant que l’ê-
croûtement a été plus ou moins profond. Ce font
les termes de la reponfe.
Il réfulte de là d’abord un argument qui
prouvera trop. Car ayant obfer^é avec attention
ces galons qu’on enlève, il m’a
fefnblé qu’il y avoit déjà une couche fenfible-
ment pénétré par la végétation. Quelquefois
cètte couche eil de pluileurs lignes d’épais-
feur. Quand on la fuppoferoit feulement de
deux lignes, & formée en trente ans; il en
réfulteroit qu’une couche d’un pied, eil le
produit d’environ deux mille ans : Ce qui n’eil
fûrement pas ju fle , puisque l’hiiloire certaine
de notre Continent remonte bien au delà
de ce terme. ,
Mais il s’offre bientôt une caufe de prolongation
; telle même qu’on croiroit au
premier coup d’oeil , qu’elle nous renvoyé
fort loin. La formation de la nouvelle terre
vêgétable fur les terreins écroûtés, eil fûrement
beaucoup accélérée par la proximité
des terreins qui reilent encore couverts de
plantes : car les graines de celles-ci, transpor-
té e sp a r le v en t, tombent bientôt furies fables
blés découverts, y germent & les lient ; &
par les plantes qui en naiffent arrêtent les
¡particules propres à la végétation & les
fixent fur le terrein. Au lieu qu’à la pre-
ière fortie de ces fables hors de la M e r ,
es fources étoient peu abondantes, telle-
ent qu’il a fallu du tems avant que notre
ouche aît pu commencer.
Voilà fans doute qui repouffe en arrière;
iais les Moujfts empêchent qu’on ne recu-
ebien loin. Leurs femences femblent faire
artie de l’a ir , tant elles font prêtes à ger-
ner p a rtout, dès qu’un peu d’humidité les
'avorife. Quiconque a fait attention à ce
phénomène, ne peut qu’en être frappé. Au
nilieu des plus vafles mers, les moindres ro-
hers qui veillent, fe couvrent de mouffe ; &
j ’ai appris de Mr. le Dr. Forjîer que les Isles
fes Mers du Sud , fi diflantes des grands
ontinens, ne font point exception à ce
phénomène général.
I Les Mouffe s donc ont été prêtes, en tout
lems à fonder la couche de terre vègêtabk
fur les terreins mis à fec. Et encore au-
|ourd’hui dans nos Bruyères, c ’efl la moitffe
lu i commence l’oeuvre. J’ai remarqué parto
u t, que les fables ècroûtès font d’abord
Rouverts de moufle. Diveifes espèces de
ira*