
„ belliroit , les Collines s’animeroient ;
, ce feroit ainii que la légende dû Monu-
„ ment des Jardins , qui n’exprime encore
„ que l'efpoir public, feroit changée-dans cel-
„ le de Félicitas publica.”
Cette Colline, couverte aufli de bruyère,
eil encore de pierre fableufe. Mais du côté
de Boomte il y a une grande quantité de frag-
mens de granit, & même de très gros blocs;
tellement qu’il femble y avoir eu là autrefois
quelque monticule de cette pierre, brifée par
une explofion.
Toujours attentif à la vie des Colons, je
m’arrêtai auprès d’une Colonie où l’on egre-
noit du lin qui étoit raifemblé tout verd dans
la grange. De grands peignes de fer , dont
les dents s’élèvent fur une pièce de bois, font
tomber la graine du lin qu’on y fait paifer
par petites javelles. Ceux qui travaillent font
deux à deux, l’un vis à vis de l’autre , & ils
font pafler leurs javelles tour à tour entre ces
pointes de fer. Trois couples, chacun d’un
homme & d’une femme, s’occupoient là de
ce travail ;. les trois femmes étoient tournées
du côté du jour au dedans de la Maifon, &
les trois hommes vis à vis d’elles au dehors.
Qu’e ft-ce qui les avoit rangés ainfi? . . . .
C'eil que cela donne coeur à l’ouvrage. Cet inflinèl
fünxît imperceptible,mais foutenu, qui réful-
te des moeurs, répand fur tout le cours de la
v i e , mille douceurs, donf le libertinage eih
le tgmbeau. $i les plus profonds Moraliiles,
regardent le deiir de plaire comme un des
plus forts liens de la Société ; que ne perd-,
elle pas à l’extinèlion de ces doux penchans
qui n’appartiennent qu’à l’innocence !
Les Colonies éparfes dans les Bruyères ne
font nulle part plus intéreflantes que de Boom-
te à Dicpenau ; c’eil là qu’elles me parurent
vraiment des liles en pleine Mer. Il me fem-
bloit parcourir un Archipel, tournoyer fans
ceiTe pour doubler des Caps, ou côtoyer les
rivages les plùs champêtres. 1
J’avois dans cette route d’autres connois-
fances à viiiter; cellès qui m’avoient mis à
contribution de ii bonne grâce. Je m’arrêtai
donc à leur maifon; mais elle étoit presque
yuide: les jolies fileufes n’y étoient pas, &
je n’y trouvai que cette belle femme leur mère
, qui, glorieufe de fes enfans, m’avoit invité
à entrer dans la chambre où ils étoient
raifemblés.
Quoique j ’entende très peu l’Allemand, je
comprends mieux cependant une Allemande
qu’une Hollandoife. Je me mis donc à con-
yerfer avec celle-ci par quelques mots âc
beau