
jeunes filles de l’autre. Deux des principaux
Ecclefiafliques du lieu étoient prêts à leur ad.
miniftrer la Communion. L ’un à la droite de
l’Autel devoit diilribuer le pain, & l’autre à
la gauche tenoit la coupe. Une prière de
toute TAffemblée implora la bénédi&ion du
T R E S H A U T fur cette jeuneiTe qui ve-
noit fe confacrer à L U I : l’Orgue enfuite
entonna une Hymne pathétique ; & alors
le premier des Jeunes garçons s’avança vers
l’Autel., d’un air qu’on pourroit appeller gauche
, fi l’on confultoit les régies conventionnelles
de la bonne g râce } mais qui au contrai-
îe renfermoit à mes yeux 3 ce respeélable embarras
de la jeuneiTe qui commence à juger
& à fentir,'mêlé encore de cette aimable in*
génuïté qu’infpire l’innoçence. Qu’eil - ce
que tout notre rafinement, en çomparaifon
de cette modeilie naïve, qui rétardant quelquefois
le pas par timidité, ou le précipitant
par crainte, nous montre ainii la nature jeune
de l’Homme, qu’on s’efforce à nous cacher, en
cadençant déjà fa marçhe, comme celle d’une
Époufe qui ouvre le bal ! Mes petits Mineurs
p’avoient point eu de maître de dance : ils
s’inclinoient par refpeêt : ils s’avançoient à
pas graves, faifîs de la fainteté du Lieu, &
de la fûlemnité du moment. Ç’étoient de
ieujeunes
coeurs qui commençoient à fentir ; de
jeunes ames qui voyoient un grand avenir en
perfpe&ive ; & leurs çorps fuivoient naïvement
ces impreffions, . . . Mais j ’entafferois
en vain des paroles ; je n’arriverois point à
exprimer, l’espèce de respeft: tendre , de
plaiiir craintif, de pieté mêlée d’admiration
¿ont me remplit la vue de cette jeuneffe. La
joie étoit au fond de mon coeur, & les larmes
coûtaient de mes yeux. . . . . . Jeunes
gens! Re lie z, reliez; toujours furies Monta-
tagnes !
Ils s’avançoient les uns après les autres ver»
la droite de l’Autel où ils recevoient une hostie,
fymbole corporel de leur F o y , paffoient
derrière l’Autel pour y faire leur petite offrande
aux amis de leur grand Maitre , venoient à
la gauche boire dans la Coupe & regagnoïent
leur place avec ce même embarras plein de
charmes qu’ils avoient montré en la quittant.
Et ce n’étoit point fimagrée. Où des enfans
de mineurs en apprendroiertt-ils ! fans doute,
la jeuneffe peut perdre cette aimable candeur
qui la caraétèrife, mais ce n’ell qu’a force de
foins : & les mineurs font trop pauvres pour
s’en donner. Ces enfans ont donc la fimpli-
çitç de leur âge. Ils ont auffi la vraie dévo-
O 4 tion