
reffortir la v iy e lumière du foleil fur ces
„ pâturages ! Ces pâturages même feroient-
„ ils il réjouiiTans à l’oeil, s’ils n’étoient ea-
„ trecoupés ? L e Troupeau gui s’avance à
3, pas lents en tournant ce monticule, nous
j, annonce fucceffivement à tous le mets fa-
,, lutaire qu’il vient de nous préparer. Les
„ mugiffemens croiffent à mefure qu’il s’ap-
„ proche; c’eil l’impatience de nos nourri-
„ ces de venir nous donner leur lait. Elles
,, fuivent gaiement chaque matin le Berger
,, leur commun guide ; un enfant , un
?, chien, détourne à fon gré tout le trou-
„ peau. Tantôt s’enfonçant dans les vallées,
il va chercher notre la it , notre beurre ,
3, notre fromage, parmi les arbuiles qui bor-
,, dent les ruiffeaux , où la faux ne fauroit
„ atteindre. S’il eit des lieux trop rapides
,, pour confervcr notre engrais, ou trop i t é -
„ riles pour inviter à la culture, la diffi-
,, culté des pallages ne l’arrête point. Le
,, Berger conduit d'abord le bétail le plus do-
,, cile ; puis tout fuit peu à peu ; & le moin-
„ dre brin d’herbé eil brouté en chemin.
„ Ainii,après avoir perdu de vue le troupeau
»s dans les enfoncemèns , nous le voyons
reparoître fur les Collines. Ses clochettes
« çonduifent notre ?» »*-------■ *-i, .. -S'- , oeil ; & louvent en re-
„ prenant
, prenant haleine, appuyés fur l’inflrument
de notre travail, nous comptons avec une
douce joye le jeune bétail qui fonde notre
espérance pour l’avenir, & qui déjà s’habitue
à aller recueillir pour nous, tandis
, que nous travaillons, ces biens que la fage
, Nature nous prépare feule. Apréfent enco-
, re nous fauvons au moyen de notre bétail
, ce qui alloit être engloùti par l’hiver. L e
, frpid viendroit bientôt flétrir les nouveaux
, rejettons dés plantes dans nos prairies ; il
, n’y a plus alfez de tems pour qu’ils meurif-
, fent, & que la faux nous en falfe jouir.
| Mais nous ne perdons rien pour cela du
, travail de la Nature. Voyez comment
, notre Troupeau en profite? Qu’il eil ani-
| mé en revenant des pâquis î Sa jouiifance
, fait la nôtre. Ici au moins l’Homme eil
, juile envers l’Animal : il commence à le
, rendre heureux , avant de le devenir par
, lui. L ’abondance du L a i t , q u i, vers la
, fin du jour , accélère le pas de notre bétail
, vers fes demeures, comme le befoin de re-
, paître l’accéleroit vers la prairie le matin,
, n’eil que l’effet du plaifir qu’il a eu dans cet
, intervalle. Ainfi .tout eil content. Bien-
, tôt fans doute, & nous & lui ferons chaf-
5, fés de la Campagne; la neige viendra tout
L s v couvrir.