
bilité pour le bonheur des hommes, ( c ’eil
en ma faveur que je le dis) nous a dirigé Mr.
RouJJeau & moi dans nos remarques fur l’état
de l’Humanité. J’oferai même ajouter, &
V . M. qui a vu mon attachement pour les
communes me croira fans peine ; j ’oferai,
d is - je , ajouter, que je me rangerois plutôt
à fon opinion, qu’à celle qui,laiflànt un libre
cours à 1 agrandiilement des forts , feroit
mieux cultiver la terre pour e u x , par un
plus grand nombre de mi/érables. Mais la
Providence y a pourvu ; les moyens de concilier
la meilleure culture, & la population
qu’elle produit, avec la part que chaque homme
doit avoir à la jouïffànce, font déjà trouv
é s ; & par une pente naturelle , le grand
nombre, arrangeant peu à peu fon bonheur,
le confervera furement dés qu’il l’aura, bien
connu. Il par011 de teins en tems à la tête
des Etats , des hommes de bien capables de
le produire. Leur vie eil marquée par de
bons établiiTemens , dont le Peuple jouît. Il
s’éclaire par là fur fon état, & devient capable
d’appercevoir les chofes qui pourroient
lui nuire. Dès qu’il les a vues une fo is , il effc
en fureté :.car il réfiite au changement par fa
mafle. Et comme la Gravité follicite chaque
particule de la matière, & les fait toutes concourir
courir aux mouvemens'qui en font l’effet; de
même l’intérêt raifonnable une fois connu,
r e n d chaque individu chez le Peuple, aéleiif
dans fa propre caufe; & alors il eil peu de
force qui puiffe lui refiler.
Il falloit du tems à l’espèce humaine pour
fe perfectionner; ainfî l’a voulu la première
Caufe de tout : & j ’entrevois bien mieux fon
plan dans la divifion du terrein~& tous fes
effets, que dans une communauté abfolue.
Voilà pourquoi je n’ai pas regret comme
Mr. Rouffeau, qu’on aît creufé des folles &
planté des pieux pour marquer des poffes-
fions, qui aident à' défricher là T e r r e ,& à la
peupler par là de plus en plus d’hommes vrai"
ment jouiffans comme le fon tles cultivateurs.
Les défauts des premières inil itutions fe corrigent
& fe corrigeront fans cefle; les hommes
fimples, voyent leur bien quand il fe
préfente par des effets & ils le faifîffent. Ce
bien fe répandra & fe confervera : j ’en vois
déjà affez d’accumulé, pour fonder cette espérance.
C’eil-là je l’ayoue un langage qui femble
d’abord bien différent de .celui que j ’avois
l’honneur de tenir ci-devant à V . M. en lui
parlant des Communes de la Suîffe ; de ces ter-
reins non partagés, qui affurent la fubffstance
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