
la Nature préparoit aux hommes dans les es-
paces d’àbord arides, comme par exemple la
plupart des Bruyères. Des terreins irnmehfes,
ou marécageux Ou fecs, nefaifoienc que des
déferts de ces Pays qui feront un jour au nom*
bre des plus floriilans. L ’ancienne Germanie, au
tems même où les hommes commencèrent à
transmettre leurs obfervations k la poilérité,
n offroit dans tout le pays qu’occupent ces
Bruyères ,' que quelques Bourgs épars , de
petits villages,& les hutes de Bergers, errans
fur l’étendue des terreins non occupés.
Cependant tout fe préparoit pour un meilleur
état. Les' eaux qui arrivoient aux marais,
par cela1 même qu’elles n’en fortoient ■ que
lentement , y, dépofoient tout ce qu’elles
avoient recueilli dans leur route. Lés plantes
y croiiïoient auffi à foifon, & leurs débris fe
raffemblant, contribuoiént encore à combler
ces fonds. ^ D un autre c ô té , de vâïbes plaines
un peu plus élevées,& qùi par lànerécé-
voient aucun fecours étranger ; mais qui par
leur poiition horizontale , ne perdoient presque
rien de ce qu’elles recevoient elles-mêmes
, accumuîoient peu a peu ces tréfors de
la végétation que nous y trouvons aujourd’hui.
Il devoit donc arriver un tems ou ces deux
çspeces de terreins pffriroient des féilources k
l’Homme ;
l’Homme ; & ce tems eft venu depuis quelques
fiècles. Mais il faut quelque t^ms encore
pour que les hommes fâchent en profiter.1
Accoutumés à l’aifance dans des lieux plus
fàvorifés de la Nature,:ils n’ont fongé à s’étendre
parmi les difficultés, que lorsque l’esprit
public eit venu joindre fes plans, fes intérêts
combinés & fes forces , aux'motifs; qu’a-
voient déjà quelques chefs de famille d’établir
| leurs énfans autour dfeux. Dès quhls ont coin? I pris qu’il le pouvoient, leur famille eil devenue
plus nombreufe. Dès qu’elle l’a été, ils
fe font vus contraints d’agir;
lî.m’aùroit été impoffible de fiïiyre lés pro-
grèsde ces diverfes Caufes, dans le 'peu de
tems que j ’y ai donné, fans une circonilance
qui m’a plus appris en un moment, que je
J naprois pu apprendre en beaucoup de tems
I en parcourant les lieux mêmes. V . M. fait
I que le R o i fait lever par les Ingéniêurs le
I Plan dé touS ces Pays-ci. Gela s’exécute fur
I une fort grande échelle; un Mille d’AlIema-
1 gne y occupe un pied & demi. Parla il n’effc
I pas un 'filet d’eau, un bouqùe;t de bois, une
I maifonnette, qui n’y trouve fa place. Tou-
I te? les espèces de terreins s’y diftinguentj
comme fi on les voyoit fur les lieux. Les Bruyères,
les fables mouvans ,les marais inondés, les
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