
intérêt immédiat, ils ne fongent pas plus
loin. Si l’on écoute aufli l’intérêt des poiies-
feurs a&uels des Mines, on coupera toujours
le ¿o/V aux lieux les plus près, fans lui donner
le tems de groffir au degré où il peut arriver
par des progrès annuels fenfibles. Si
l’on ne s’oppofe encore à ceux qui ont leur
principal intérêt aux pâturages, leurs bestiaux
fe glifferont dans les Bois coupés, y
brouteront ou fouleront aux pieds les jeunes
plantes. Si en coupant, on ne connoît pas
les divers ufages d u Z w & le s différens degrés
de fanté des arbres;■ on fe privera de ceux
qui promettent de fournir les pièces convenables
pour les machines, ou du moins ce ne
fera plus que par hazard qu’on en trouvera à
la portée. En un mot ce feul gouvernement
des Bois eil une affaire, & une affaire effen-
tie lle , pour un Direèleur qui veut connoître
l’enfemble de fon ouvrage, & n’être pas dans
l ’embarras au moment où il v fongeroit le
moins. Que feroit-il, fi, ne s’occupant qu’à
creufer des Puits, pouffer des Galeries, exploiter
des Filons, on venoit lui dire un
jour, qu’il n’a plus de gros bois d’étampage,
plus d’arbres affez forts pour les axes de fes
roues, & peut-être plus de charbon pouf
faire travailler fes fourneaux?
Il faut donc continuellement proportionner
fon ouvrage à la quantité des Bois qui font
à portée. Pour cela il faut les bien connoître;
favoir leurs pofitions, leur nature, leur, vîteffe
à croître, le point d’accroifîement où la fuc-
ceffion des années ne fera plus que des additions
lentes : c’efl le cas dans quelques endroits
au bout de 80 ans; mais non pas partout.'
Il faut connoître la quantité qu’on doit
en laiffer fur pied, pour avoir au bout’ d’un
long tems des troncs affez gros , & affez
longs pour certains travaux: favoir placer la
fabrication du charbon dans les lieux où le
bois y eil le plus propre , & le moins peut-
être à d’autres ufages, ou le plus difficile à
transporter : veiller à ce que ceux qui doivent
exécuter les ordres , s’en acquittent avec
exaftitude, protègent les jeunes plants, empêchent
les déprédations, pourvoyant aux
befoins des Mines, faffent leurs rapports régulièrement,
pour mettre le Confeil des Mines
en état de bien donner fes ordres.
J’eus occafion d’obferver la plupart de ces
détails dans la routé que nous tenions fur des
pentes de Montagnes couvertes de Bois. J’y
remarquai auïfi les Charbonniers , espece de
folitaires, qui nous montrent ce que peut
l’habitude ; ou plutôt ( car fouvent on s’y
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