
dans cet l’amphithéatre une variété d’accidehs
de lumière, qu’on ne fauroit peindre à ceux
qui n’ont pas vu les Montagnes. Mais V .
M . a fait cette même route dans Îa première
jeuneffe, & je n’eflaye de la décrire, que pour
tâcher de L.ui en rappeller l’agréable fou-
venir.
C’e il dans de tels lieux que les habiles Pay-
^ iàgiites viennent chercher ces idées, dont ils
çompofent enfuite des tableaux qui tuent les
peintures des jardins de plaifance quand on
ofe leur en oppofer: & cependant,que font-
ils en comparaifon de la Nature ! Nous venions
de voir dans la Galerie de Manheim,
deux de ces têtes de vieillards, peintes par
Danner, où la nature eil copiée avec une fi
grande précifion, qu’il eil impoffible de douter
que ce ne foit des têtes réelles, quand on
les regarde au travers d’un tuyau qui en cache
le cadre. Si ce Peintre patient, qui, mieux
qu’aucun autre, a connu les reiTources des couleurs
& l’art de la Nature dans les détails, fe
fû t voué à peindre quelques uns de ces recoins
délicieux des Montagnes, combien n’eût-il
pas frappé ! Il lui falloir des objets fans mouvement
pour étudier à loifir les reiTources de
la Nature. II a choifî des vieillards froids:
mais çe font des objets de tous les jours.
Quel
Quel préfent au contraire n’e û t - il pas fait
aux Riches, qui pouvoient feuls le payer, s’il
eût apporté dans leurs appartemens des objets
ii rares pour eux ! Mais peut - être eût - il
été embaraifé des variations de là lumière?...
Sans doute. Ainii i l n’y à point de reiTour-
ce pour jouir de ces beautés, qu’en viiltant
les Montagnes} & les Riches y gagneront à
tous égards. . » . . Mais les Montagnards y
gagneront-ils ? . . . . . C’eil iàns doute un
côté fâcheux de l’objet, i . . . Mais les R i ches
font auffi des hommes / & il eil à fou-
haiter que les bienfaits de la Nature fe partagent.
Après avoir admiré quelque tems le premier
âspeél de cette V a llé e , nous descendîmes ce
Ghemin qui,p at fa bonté, avoit prévenu tout
mélange de crainte dans la furprife que nous
éprouvâmes en la découvrant. Il devoit nous
conduire à Naffau ; mais avant que d’y arriver
nous avions à pafler fes avant - gardes.
Qu’elles ont dû être menaçantes autrefois
pour des ennemis j & qu’au contraire aujourd’hui
elles font attrayantes ! On eil encore
fort élevé dans le chemin, lorsqu’en tournant
à la droite, il s’offre tout à coup un nouvel
Amphithéâtre de Montagnes, au milieu duquel
s’élève un de ces Monts, originaux de?
an