
protégeoient dans les premiers établiffe-
mens.
Dè Najïettn à NoJJau nous jouîmes pleinement
de cette variété de fpeètacle. 'Les fom-
mités arrondies de la chaîne fourniiTent de
bons chemins où l’on roule fo r t 'v ite , toujours
en tournoyant, montant, ou descendant.
Nous ne penfions pas voyager, mais
feulement parcourir cès Montagnes avec des
guides qui vouloient nous les faire admirer,
Nos Portillons en e ffe t, en nous faifant pas-
fer à l’entrée de tous ces Vallons, égayés par
la verdure , & par tout çe que les habitations
& les moeurs ruitiques ont de plus attrayant,
fembloient vouloir nous dire : „ coniidérez
| | ces lieux où fe forment vos vrayes riches.
,, fes : eroyez-vons que ceux qui vous les
,, fourniiTent ne foyent pas auffi heureux que
„ vous? Ils admirent un moment vos Palais
,, quand ils descendent dans les -Plaines :
,, mais ils reviennent ici avec plaifir : &
. trouvez-vous qu’ils.ayent tort? ”
Après plufieurs de ces contours, qui
avoient trompé notre attente, en nous éloignant
de chacun de ces lieux champêtres
presque auffi-tôt que nous avions commencé
a les admirer, nous entrâmes à grand
train, par une pente douce, dans un Vallon
' * om-
/
ombragé de la plus belle verdure, qui nous
occupa d’abord allez autour de nous, pour
nous ôter tout preffentiment de ce que nous
pliions voir. Nous ne l’eûmes qu’un moment
; & ce fut en appercevant une grande
lumière au travers des arbres, puis des objets
éloignés qui fe prolongeoient rapidement
vers le bas ; & quand le rideau s’ouvrit entièrement
, l’admiration nous rendit muets. Si
nous n’avions pas vu en même tems le plus
beau des chemins , qui descendoit en tournant
fur le côté droit de la Montagne, l’idée
de précipice auroit pu nous donner quel-
qu’effroi. Mais ralîurés par ce chemin ,
nous n’éprouvâmes plus que l’effet d’un des
plus beaux fpeélacles du Monde. Nous
étions encore fort élevés dans la Montagne,
& nous avions au deffous de nous un Vallon,
dont le niveau différoit peu de celui des gran- v
des Vallées ; car un Ruiffeau y couloit fort
paifiblement. Des Montagnes, couronnées
de rochers, & garnies de Bois dans leurs pentes,
s’abaiffoient de tout côté , pour encadrer
des riches couleurs de l’Automne, un tapis
verd fur lequel paiffoient des troupeaux.
Les rayons du Soleil déjà abaiffé, fe gliffans
par les gorges des Montagnes , doroient
quelques parties du pâturage, & produifoient
dan«