
V .M . entend ici tout ce que jevoudrois exprù
nier. Les idées affociées fe rappellent , <Sc
les fentimens les fuivent. L ’harmonie fut
trouvée en célébrant les louanges du Très«
haut: la voix de la femme fût adoucie, celle
de l’homme devint fonore, lorsqu’ils effayè-
rent d’exprimer en commun ce qu’ils reniaient
au dedans d’eux-mêmes, & ce qu’ils
Voyoient au dehors. Rendre Grâces ; c ’eft
jouir du bonheur dans toute fon énergie :
D ieu , en rendant l’Homme capable de vénération
pour lui , doubla les biens qu’il lui des-
tinoit. Mon coeur s’émut; & bientôt, aux
fons harmonieux des voix réunies de tout ce
Peuple, de douces larmes remplirent mes paupières.
— — Un Chant fimple & grave, fans
être traînant , s’appercevoit fans peine dans
les différentes parties dont cette harmonie
etoit compofée * l ’orgue la foutenoit , mais
ne la formoit pas. Chaque individu chântoit
avec autant d’intérêt-que dansjun concert, &
fê rangeoit fuivant la portée de fa voix à
Tune de ces parties. Je m’arrêtai tout court
dès l’entrée , faifi d’un doux frémiiïément,
& je me mis à chanter moi - même^ Je ne
proferois pas les mots , car je n’y enten-
dois rien ; mais je voyois les mouvemens dn
coeur dans la contenance générale j & ce langage
eil de tout pays. Î e
Le chant fin i, j ’avançai daiis l’Eglife & la
arcourus en tout fens; obfervant lès vifageS
J& leur maintien ; examinant furtout s’il ne
leur reiloit aucune teinte de foüffre. Mais iî
le Peuple qui fait de la nuit le jo u r, & qui en
îe levant après midi fe farde, prenait un vë-
litable intérêt à fa beauté, il accourroit dans
Bes montagnes. Les mineurs font auffi de la
iuit le jour & du jour la nuit: mais en defceri-
[ tant dans les mines , ils ri’y portent q u e . du
Bain & de l’eau, & leurs membres s’y exer-
|lent. L ’air, qu’on fait y faire circuler, vêlant
du haut de la montagne, y porte la falu-
frité du dehors , en fe repofant dans leurs,
litsj ils le respirent fans mélange; & rien en
lux n’annonce des vi&imes de la cupidité.
Mais il faut avouer auiïi qu’ils ont de
Ions maîtres: la Maifon de Brunswick les
a toujours aimés & protégés. Il ne faut que
les voir pour fentir que c’efl un Peuple libre ;
& il faudroit les vo ir , pour apprendre, que
feil ainii qu’on doit traitter les hommes, pour'
én être aimé & fervi.
I Ce n’eft point à V . M., que j ’ai à développer
cêa choies ; E lle connoit bien mieux que
fioi & leurs cau'fes & leurs effets, E lle fait
ibmbîen ces Péuples-là élèvent leur ame par
; les feuls mots : les Villes libres des Mines ; titre
N a qui