
nous difent pas mieux que ces Condnens ont
«été fous les eaux de la M e r ; que la couche
de terre végétable vierge qui les couvre dans
les lieux incultes, ne nous -dit qu’ils en font
fortis par quelque révolution générale, &
que cette révolution n’eil pas ancienne.
Les progrès continuels de la population de
la Terre; ne prouvent pas moins que fa iur-
face aftuelle eft jeune. Je mets à part ici
tout ce qui tient aux révolutions des Etats,
par des guerres, par les vicifïitudes des ma-
nufa&ures & du commerce; je ne parle que
de la marche naturelle de la population, à,
Snefure que le fol fe rend propre à nourrir
des hommes. Çette marche s’apper'çoit dans
tous les lieux où le fol primitif, celui qui eit
forti nud de la Mer, ne s’eft pas trouvé propre
à s’imbiber d’abord des matières végéta-
tes, ni à les augmenter lui même par fa dé«
compofition à l’air. Cëslieux, qui n’ont pu
devenir fertiles que par l’addition de la terre
•végétable , en ont raflernblé "plutôt dans les
fonds que fur les éminences, & lés fonds ont
été les premiers habités. On le voit dans la
Province de Kent, & c’eft ce qui y produit
de fi jolis tableaux dans les cadres des Collines
encore nues. On penre à des défrichement
P^us étendus: ces Peloufes, ces Bruyères,
ces Marais à tourbe, paiTent peu à peu
à la culture. Mais c ’eft Y argent qui y travaille.
Les Communes fe détruifent, & les Commu-
nïèrs font détruits en même tems. J’entends
les foupirs des Cottagers, de ces habïtans des
Cabanes dans les Communes, qui feroienc il
propres à les peupler s’ils étoient aidés ; &
qui fe diiBpent comme de la fumée dès qu’on
détruit leurs petits foyers. Les Free holders,
ces PoJJeJJeurs libres de quelques portions de
terrein, qui ne fongent qu’à plaire aux Seigneurs
fonciers de qui ils tiennent de grandes
Fermes, les aident eux - mêmes à enclorre ces
terreins , où le pauvre Cottager vivoit libre ,
en les engraiflant peu à peu par fon menu bé*
tail , & où il ne pourra .plus que labourer
fous fes égaux. Auffi, tandis que j ’admirois
l’heureufe marche que fuivent les défriche-
mens dans le Pays de Hanovre , je ne pou-
vois m’empêcher de tourner les yeux vers
l’Angleterre, & de regretter de ne pas voir
fuivre à cette marche les mêmes^principes,
dans les Etats du même Souverain.
Il y a longtems que la fuprême bienveillance
s’eft déclarée contre ces défrichemeris,
qui ne font qü’étendre les domaines des mêmes
pofTefleurs aux dépends de leurs fembla-
bles. Le premier Légiilateur de l’Humanité