
gence du befoin les rend plus preffans; leur
esprit s’exerce à la rufe ; ils fondent avec tant
d’afîiduité les prêteurs, qu’ils en trouvent enfin
d’inattentifs, ou même de compatifilms.
Alors encore, l'ordre des chofes pourvoit au
befoin de l’Humanité & de l’E t a t , par des
routes à la vérité qui paroiffent bien lentes,
mais qui par cela même donnent encore du
répit à rhommè que le malheur peut corrig
e r ; tandis qu’elles ruinent entièrement les
vrais paréffeux ; ceux qui, pour Je bien de
Ja fociété, doivent faire place à des générations
plus heureufes.
L e Seigneur a un droit qui tend à ce but:
il peut mettre dehors un Èinpbytéoie mauvais
oeconome. Mais il doit à l’Etat un Cultivateur;
& i l ne peut exercer fon droit qu'en
remplilfant cette condition. D ’un autre côté,
lé créancier à qui il importe de faire' valoir
autant qu’il le peut lesr propriétés de fon débiteur
, ne iauroit penfer à les enlever de
delfus le domaine.. Ces deux caufes concourent
donc à faire chercher un nouveau Colon,
qui puifiè, en affurant la rente du Seigneurg
Créancier la valeur des biens allodiaux
ielon l’eilimation qui en fera faite. Et qe ne
peut pas être .un ancien & rïqhe Colon qui
* empare de ce térréip. Il faut continuer là
iiii
ùn Feu; la Loi de l’Etàt l’exige: c ’e il une
famille diilinéte qui doit s’y établir.
La Famille de l’homme dépoITédé a les
premiers droits au remplacement , s’il s’y
trouve un fujet qui püiffe fatisfaire aux conditions
requifes. Ce fera peut-être Un dès
fils du diffipateur ; s’il en eft un qui montre
allez de talens & de bonne volonté, pour
que le créancier lui confie la va’lèur fixée des
* allodiaux, & que lë Seigneur espère de recevoir
régulièrement fa rente. Voilà donc un
arbre périiTânt, dont une branche encore
faine, mife en bouture à fit place, fera bien-*
tôt un nouvel arbre fain & vigoureux. Or
il eil indifférent au bien de l'humanité" que
ce foit la famille de Jaques ou celle de Pierre,
qui rempliffe cette place particulière deffinéë
à entretenir une famille : qu’elle foit occupée
& le but de la Providence eft rempli. Or
lé but d’un Etat bien gouverné, eft- le même
que celui de la Providence.
S’il eût été permis à 'u n r ich e Colon d’apporter
là fon argent ; quelle perte au contraire
n’en feroit - il pas réfulté ! Il eût feulement
agrandi fes granges & fes écuries ; & deux
Valets de plus peut-ê tre , lui auroient rappor-*
1 té ,:en labourant plus de renté pécuniaire,
qu’il n’en fortoit auparavant de la Ferme éteinte.