
les Continens a&uels, g à mefure qu’ils fe font
multipliés & que le terrein s’efl fgrtiiifé.
: Mais fi la bruyère a disparu dans les Pays
dont je parle, fi le terrein a été çuldvé entre
1 e&IJles, la Mer n’a pas disparu : la cultu-
tu ren ’y a point fuivi la marche fage qu’on
lui maintient dans le Pays d? Hanovre. Les
Colons, ont défriché ; mais leur nombre ne
s’eil pas accru en proportion : ils ont cultivé
pour les Villes, qui fe font accrues fans doute
: mais cela n’a point compenfé le manque
d’accroiflement de la population de la campagne
, c ’eil à dire n’a point augmenté la fom-
medu bonheur de l’espèce humaine, comme
l ’auroit fait une population ruralé. C’eil cet
objet particulier que j ’ai principalement à
coeur dans la partie oeconomique du défrichement
des Bruyères. î Car pour des défri-
chemens en général, ils fe feront allez ; il
e il évident qu’on y tend partout. Mais s’ils
ne fe font que pour augmenter la richefle de
quelques individus & agrandir encore plus les
grandes Villes, j ’aime à voir tout ce qui les
retarde; j ’aime à entendre dire aux Riches qu’il
n’y gagnent point ; j ’encouragerois les pau vres
à rendre cette plainte toujours mieux fondée
en leur faifant payer fort cher leur concours :
espérant toujours, que le tems éclairera les
homhommes,
& qu’on adoptera partout des principes
de défrichement qui embraflent mieux
toute l’Humanité,
On ne paroît pas fuivre ces principes dans
le Pays qui m’a donné lieu d’y re venir .. De
Çittard à Majiricht on continue à défricher la
Bruyère ; on y fait des enclos 5 mais . je n’y
vois point bâtir de ces petites maifons, qui
annoncent pour ainfi dire des boutures hu?
maines, prêtes à faire de nouvelles fouches
à la campagne. Ce ne font point là des gens
qui multiplient, en multipliant les potagers
& les bafies cours, en mettant à profit les
plantes fpontanées de la campagne, en employant
à d’autres produ étions le tems de repos
de toutes les terres à grain ; de ces gens
qui cultivent auiïï ces petits arts ruiliques *
délices des chaumières en hiver. Ce font des
gens, en petit nombre, qui vont faire croître
du bled, pour le porter dans les grandes Villes.
C ’eil ainfi que les Villes fe font multipliées
dans ces vailes Plaines ; où l’on ne voit presque
plus l’Homme dès qu’il a labouré & fem é ,
que pojir recueiller & charier au loin. 11 y
eil en un mot le très humble ferviteur des
Villes ; tandis qu’il feroit à fouhaiter qu’il y
eû t une réciprocité entière entre elles & la
campagne.
Lors