
très au lieu même où ils étoient nés.
L ’Etat- efl attentif à ces momens qui lui
importent ; & les Baillifs ont leurs inflruc-
tions à cet effet. Dès qu’une famille fe di-
v i fe , ils doivent employer tous leurs efforts
pour empêcher fa disperfion, en faifant fon-
g e r les enfans non poiTeffeurs à des établifle-
mens nouveaux, en les encourageant, les aidant
même. Quant un Baillif fait le rapport
de fon adminiflration, rien ne lui procure
plus d’éloges, que l’établiffement d’un
nouveau Feu. On le forme tel que le
nouveau Colon peut l’entreprendre. Il ne
peut pas avoir plus de do arpens ; & on ne
le lui accorde t e l , que lorsqu’il montre le
bétail & les inflrumens propres à le bien cultiver.
Si fes forces ou fes moyens ne lui
permettent pas d’aspirer fi haut ; on ne lui
en donne que la moitié, ou le quart, oii peut-
être feulement un petit terrein pour fe former
un jardin & une demeure. Dès qu’il
efl ainfl établi, il a le droit de faire pâturer
fes beiliaux fur les terreins encore'incultes;
c ’e il ce qui l’encourage. L ’établiffement
une fois fa it, fon étendue efl invariable ; il
reliera Ferme ou Métairie entière, demi ou
quart de Ferme, ou fimple demeure avec
Jardin.
Les
Les poffefïîons fe font donc formées ainfî
accidentellement de différentes grandeurs ; &
il en réfulte des avantages extrêmement précieux
, que l’expérience a fait découvrir, <5e
[que la fageffe du Gouvernement cônferve.
Les hommes naiffent certainement inégaux
en valeur aêlive; & fi une tâche égale leur
jétoit diflribuée, tout iroit mal. C’e il ce
Iqu’on éprouveroit infailliblement, dans un
bartage égal & fixe des terres. E t f i , donnant
dans l’extrémité contraire , on laiffe
tout le jeu poffible à la force & à I’induflrie,
ele répète, elles envahiront tout. Un partage
fixe, mais inégal, répond à tout d’une
panière admirable. L ’induilrie y fait fon
bhemin ; elle efl donc excitée. L e fucces-
eur induilrieux d’un homme qui d’abord n’a-
oit fçu pofféder que fon jardin & fa chau-
ière, s’évertue, épargne, guette le mo-
ent où la foibleffe fait culbuter quelque Co-
ion d’un rang fupérieur ; il prend fa place &
■remplit ainfi le voeu de la Nature, qui tend
p faire occuper le terrein le mieux poffible.
’il tarde trop à trouver un établiffement
out fa it, il tourne fes regards vers la Bruyère
; elle lui tend les bras & le reçoit. En
quittant le lieu qui l’a vu naître, il vend fa
S