
fa c ile , pour que l’on y en trouvât des provj.
lions fuflîiantes aux eflais , & à fort bon
marché. Si l’on s’en trouvoit bien par l’expé.
rience, les vergers fe multipliefoient de pro.
che en proche | même dâns les Bhiyères; éc ce
feroit un encôuragemerit à défricher. Je
tiens l’idée de cet ufage des fruit s fecs, & y
connoiiTance de leur quantité fur les bords
de Y Elbe, de Mr. M a r c a r ô , Médecin à
Hanovre, obfêrvateur attentif & très intelligent.
Etant né dans ]es Bruyères de Lune'bourgf
& ayant féjoürné longtems à Stade, il a vu
& obfervé attentivement les fols fort diffé-
t ens de ces contrées , & je lui dois Beaucoup
d’inilruétions à leur fujet.
Une circonilance bien remarquable, par
exemple, & bien heûreufe pour ces nouveaux
établifTemens dans les pays à tourbe , c’efti
que l’eau ne s’y corrompt p oint, pas même
dans les plus grandes chaleurs. En- examinant
ces eaux croupilTantes, & réfléchiÎTant
fùr la caufe qui empêche leur pütréfâétion,
Mr. M a r c a r d a Cru remarquer que les
parties bituminetifes & un peu fulphurCufes qui
fendent la tourbe fi inflammable, embaument
pour ainfi dire l’eau & les relies de végétaux,
& la préfervent ainfi de corruption.
ÎÂ
Les pays bas de ces contrées là , ceux qui font
le long des Rivières, & doivent aux dépôts
de celles - ci leur exiitence, font ínoins favo-
rifes à cet égard: leurs eaux croupilTantes fe
corrompent. Ils font d’ailleurs continuellement
expofés à devenir la proyede ces mêmes
Rivières, qu’il a fallu repoufler par des
digues pour cultiver avec quelque fûrete.
Mais ce danger n’eil pas un grand mal ; il
donne aux habitans un exercice falutaire : le
pays eit fi fertile qu’ils fe remuent peu, &
que fans ce travail acceflbire ils deviendraient
replets & pefants. D ’ailleurs les habi-
tans des Bruyères fèches qui les dominent,
& à qui la ilérilité naturelle du terrein donne
tant de trav ail, les envieraient trop,
fils n’avoient quelque danger à craindre.
Ici la Nature même pourvoit à l’égalité.
Én d’autres occafions l’envie feule rétablit
l’équilibre. Les hommes qui ont du talent,
ou qui fe trouvent placés dans d’heu-
reqfes circonilànces , s'oublieraient quelquefois,
& s’élèveraient trop au-defius des autres,
fi l’envie ne les traverfoit. C’eil fans
doute une arme dangereufe ; aufîi la Nature
ne l’encourage-t-elle point par le bonheur de
T envieux. Riais elle eft utile pour arrêter
le s