
pie de ce qu’il faudra faire une fois au niveau
de la vallée d'Ojierode, pour la fubfiftance des
liabitans de Claujïhal de Cellerfeld & de tous
leurs environs.
Les autres furprifes que j ’éprouvai dans ces
Mines, furent préméditées par la complaifance
de mes conduéleurs. J’avois déjà paiTé dans
quelques unes des cavernes où l’on travaille ;
& mon Thermomètre y étant monté jusqu’à
I io ° . de Fahrenheit (a ) , j ’avois témoigné
ma furprife qu’on pût y travailler à des ouvrages
pénibles. La réponfe fu t , l ’habitude, <5t
qu’on y travailloit fans habits. Comme nous
étions là un jour de fê te , & que je ne favois
rien du meflage de Mr. d e U s l e r , je ne
m’attendois pas à rien voir de ees manoeuvres ;
lorsque toüt à coup', entrant dans une de ces
vaftes Cavernes, j ’y vis le Néant s’animer.
D e petits points lumineux, qui commencèrent
à paroitre çà & là , en furent le prélud
e ; puis ilsîfe transformèrent en un moment
en de vives flammes ; & je jouis d’un fpe&a-
d e qu’aucune fcène théâtrale ne pourroit imiter.
Les peintures que l’imagination peut fs
faire des Cyclopes, courants dans les Cavernes
de
( « ) î4 | du Thermo dont j’ai parlé cj-devant.
de l’Ætna , n’ont rien de trop pour rendre
cette fcène , où la Nature avoit exécuté elle-
même les règles du deflëin, aufli bien que le
contrafte frappant de la plus vive lumière â
l’ombre la plus profonde. Une vingtaine de
Mineurs, qui s’étoient tenus cachés dans des
embouchures, de galeries, fe répandirent en
I ‘ ce moment dans la caverne ; & allumant touj
enfemble des espèces de torches faites de copeaux
de fapiü, ils s’éclairèrent vivement eux-
mêmes , fans rien Changer à l’obfcurité du
fond I & fe mêlant enfuite avec beaucoup
d’aêlivité , toujours leurs torches â la main,
on les eût pris pour des esprits infernaux qui
complotaient contre la Nature.
Nous montâmes de là , par une immenfe
échelle , vers le plafond de . la caverne , où
nous enflâmes Une espèce de cheminée qui
fervoit de paflage, des cavernes du Filon inférieur,
â celles du Filon fupérieur. A J’inftant
quej’élevois ma tête hors de ce canal , les
esprits, qui avoient été là plutôt que nous ,
mitent îe feu à deux grands bûchers, qui dans
un moment fureht tout eh flammes. L ’un
ëchauffoit les côtés, & l’autre le plafond. Dès
que la flamme & la fumée fe furent répandues
dans la caverne, il monta un tel courant d’air
par la cheminée, o ù j’étois reilé comme irarap-
A a 2 bile,