
L ettre U V . d e U T E R R E . i j
ne, & animés par l’attrait de la poiTeffion,
les habitans de ces pays - là ne paiTèrent plus
leur vie à errer nonchalamment) fur l’étendue
des Bruyères à la fuite de leurs troupeaux,
s’arrêtant çà & là , les bras croifés fur leur
houlette, & féparés trop fouvent des bergères
qui dévoient leur faire goûter les douceurs
de la paternité. La vie domeftique
leur plut.; leurs familles s’agrandirent, & les
rapports plus prochains qui nâquirent en-
tr’e u x , jettèrent les premiers fondemens de
leur civilifation.
Telle effc l’idée générale que je me fuis
formée des commencerûens & des progrès
de la population dans les grandes Bruyères
de ces Pays-ci; idée qui me paroit naître de
l’aspeêl des chofes, & qui a befoin par confisquent
d’être appuyée par une expofition uft
peu plus précife des détails de ce tableau,
Je l’entreprendrai principalement en rendant
compte à V . M. d’un petit voyage que j ’ai
fait à ZelU
H I S T O I R E V I I . P ar t is
trouva encore des matériaux pour fe garan.
tir plus fûrement, auffi bien que pour fl
faire une demeure. (Quelques pieux plantés
des branches entrelaifées, furent les appui
de la terre qu’if éleva autour du lieu choif
pour y prendre fon repos ; & avant que 1
paille de foh propre cru pût en faire de
chaumières,, la bruyère qu’il coupoit en de
frichant, fervit abondamment à le couvrir,
L ’enclos fut fortifié encore par la teri
du fo ifé , amoncelée vers le dedans : & cett
terre, plaquée enfuite avec art du gazo
qui l’avoit couverte, forma un vrai rempari
que la végétation rendit très folide : car no
content de la croûte de gazon qui le m
çonnoit au dehors, le Colon profita de
terre meuble dont il étoit compofé pour
former Tes premières plantations.
L e peuplier , le bouleau , le faille, dài
les lieux les plus humides; ailleurs le hêtri
le chêne, le fapin, formèrent bientôt di
pieux durables qui affermirent le rempa
dans fon intérieur, & élevèrent, au deho
une paliffade, qui, s’épaiffiffant par les roi
ces & toutes les espèces d’arbriffeaux ' q»
favorife la culture , protégea de plus e
plus la poiTeffion du Colon.
Tranquilles alors fur les fruits de leur pci