
L E T T R E L X X V I I .
Route de G r a v e à O s n a b r u c k 6? Hàno-
v r i Quelques particularités Jur le fol
des Bruyères.
H a n o v r e , /ff as. Xbre 1777,
M A D A M E ,
QUelqüé occupe que j ’euffe été ée Ÿ Homme
dans mon trajet de Bois - le - Duc à
Grave , je ne laiflai pas de remarquer
auiïi le fol de ce» lieux, qui le montrent encore
près de la Nature, quoiqu’au milieu de la
Société. Le Pays qui fépare ces deux Villes
eft déjà plus fauvage que celui qui avoiiine la
Hollande ; & les Colons y font plus épars,
Cependant le terrein eft de même nature, & \
ne demanderoit pas plus de foin. Ôn n’a
pas le même intérêt à le cultiver, c’eft là toute
la différence.
Cette espèce de fol me paroiffant toujours
plus intéreffant pour l’hiftoire de la Terre &
idc l’Homme, j'ai redoublé mon attention fur
tout
tout ce qui lui appartient; & j ’ai remarqué
d’abord que le Sable fin, qui le compofe en
plus grande p a rtie , eft fouvent mêlé d’un
gravier de pierres primordiales. O11 y trouve
des fragtnens arrondis de toutes les pierres
qui les compofent : granit, ardoifes & autres
Schijles, & furtout du quartz brifé. C’eft
donc là une nouvelle preuve de la préexiften-
ce de ces Montagnes, relativement au tems
où les Bruyères étoient couvertes des eaux de
la Mer ; & l’on y voit aufli quç la Mer ne les
a pas abandonnées par une retraite fucceflive;
car on ne trouve de fon côté aucune Montagne,
qui ait pu fournir de tels matériaux pour
j agrandir le Continent.
J’ai remarqué encore dans ce iabîe, beaucoup
de fragmens de pierres à fujil. Elles
font de l’espèce la plus transparente & qui
reffemble à de la corne. Je n’en ai pas vu
d’entières ; mais divers de ces fragmens portent
encore des marques de la croûte ordinaire
des cailloux.
Les environs de Grave font un peu cultivés;
mais bientôt on rentre dans les Bruyères
qui conduifent jusqu’à Nimègue. On monte
dans cette route ; mais fi infenfiblémept
qu’on ne croiroit pas changer de niveam
Çependant il faut beaucoup redescendre dans
Tome 1 1 L G g