
Montagnardes à OJîeroie, & qui allégées de
leurs choux, remportoient dans leurs poche»
un peu de moyens, dont elles paroiffoient au®
fort contentes. Elles fe rendoient çà & jj,
vers leurs Villages, d’où elles étoient proba-
blement parties avant l’Aube du jour.
Les revers des payfages que j ’avois vus fur
cette route, me procurèrent un plaifir tout
nouveau. Si je n’avois plus le Hartz pour
fond du tableau ; je voyois les percés des Col.
lines. Je fus fur-tout enchanté du coup-d’oeil
de Catlenbourg. La demeure du Grand Baillif,
l ’Eglife & plufieurs autres bâtimens moins ap.
parents , mais auffi propres, fitués fur un
monticule entouré de bois qui s’élève au mi-
lieu de la vallée, le Bourg au pied, les Colli-
nés qui l’embraifent par perrière, les prairies
qui s’étendent au loin; forment un enfemble,
où le pittoresque Îè mêle fort agréablement au
champêtre.
Je m’arrêtai à Catlenbourg pour dîner ; &
j ’eus là une petite fcène muficale, qui tient
fi bien au penchant pour l’harmonie qui ca-
raêlérife les habitans de ces pays-là, que je
prendrai la liberté de la raconter encore à
V . M.
L ’Auberge de Catlenbourg n’eft: pas une de
celles que l’on rencontre dans les grandes rou-
■ ». . te®
tes d’Angleterre ; mais quand on a voyagé dans
les Montagnes, f i l'on n'a pas ce que l'on aime 9
on fait aimer ce que l'on a.
je fus introduit dans une grande chambre,"
bien chauffée par un poêle: circonftance qui
n’étoit pas indifférente , pour quelqu’un qui
avoit été obligé de remonter à cheval. D e
longues tables entourées de bancs, qui rè-
gnoient le long du mur auroient fourni dans
ce moment à Teniers plus d’une de fes fcè-
pes grotesques. Dés grouppes de Payfans y
discoüroient gravement ou avec chaleur, fui-
yant que le pot de bière qui les raffembloit,
avoit fait plus ou moins la ronde. . De petits
nuages de fumée de tabac étoient fufpendus
au-deffous d’un plafond dont la couleur peut
aifément fe concevoir ; & les rayons du foleil
qui entroient à l’un des côtés de la chambre,
éclairant cette couche , montroient le cours
lentement ondoyant qu’elle prenoit vers la,
porte entr’ouverte d?une autre chambre, où je
découvris la çuifine qui devoit me fournir
mon dîner.
En l’attendant je tirai de ma poche mon
écritoire & du papier fur leqûelle je faifois
des notes ; & je m’ affis auprès de fourneau
côté d?une espèce de petite table, fur laquelle
je m’établis. Tandis que j ’éçrivois, j ’ap