
che dé terre végêlable varie en épaiffeur , f;
les défrichemens varient en étendue, ces dif.|
férences n’ont aucun rapport avec les diilajn-
ces à la M e r , ni avec les diverfes élévations
des fols. Les pluj bas même, ceux qui font
le plus près du niveau adluel de la M e r , font
fouvent les plus fertiles, à caufe du concours
des eaux , ou même feulement à caufe de la
plus grande humidité: & les Collines, dont'
la préfence devroic au moins dans cette hypo-
th è fe , indiquer plus d’ancienneté, fe trou-
vent auffi bien dans ces lieux voiiins de la
M e r , que dans lés, parties les plus éloignées,
La bruyère auffi, e il dans toute cette étendue
, le laboratoire commun des fubilances
propres à la végétation, le filet qui les arrête
, l’abri qui les protège : c ’eil elle en un
mot qui y fert d’aide au Cultivateur en toute
manière, dès qu’il e il homme iimple, je di-
rois agreile lui-même j c’eil à dire qu’il fait
s’en chauffer, en couvrir fon to it , en faire
fon lit au befoin., en nourrir fes moutons, en
engraiffer fes terres. C’eil toujours en un
mot cette plante admirable, qui vivifie presque
partout le fable pur,
Souvent les idées naiffent & fe fuccèdent,
îongtems avant qu’elles excitent en nous la
fenfibilité. Dans mon voyage à Hanovre & à
Æ
Zcll, j ’avois déjà vu beaucoup de Bruyères :
elles avoient fait naître chez moi toutes les
idées de Cosmologie que j ’ai eu l’honneur
Ld’expofer à V . M. Dans toute ma dernière
[route, elles avoient été encore comme un
[fond général fur lequel on auroit placé ,
[quelquefois des villes entourées de grandes
iCampagnes , plus fouvent des Villages avec
[une culture proportionnée; puis maints ha-
[meaux > pois de ilmples Colons. En tout ce-
[la j ’avois remarqué les traces de la fértilifation
[de la T e r re , & l’image de fa première popula
tion , fans que la bruyère elle-même eût encore
rien produit chez-moi qui repondît à fon
excellence. Mais à force de voir cette
plante,, & de l’affocier à toutes les idées
qu’elle m’a fait naître, ejle a acquis elle-
même une apparence agréable à mes yeux.
Depuis longtems j ’avois pris dans les Montagnes
une forte d’affeêlion pour la Moufle ,
parce qu’elle y eil comme le berceau de la végétation
fur les rochers. C’eil le même fenti-
ment que produit à prefent chez moi la bruyè-
I re, parce qu’elle remplit le même office fur
I les fables.
Je ne m’écrierai donc plüs : triftes Bruyè- 1 ta i comme je l’ai fait plus d’une fois en tja-
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