
foin de fubfiilance. Rapprend à connoître
ainii l’ûfage de récoltes plus abondantes, <Sc
le prix de l’argent ; & dès qu’il calcule, il
fent le bonheur de fe racheter à bas prix de
l ’obligation d’employer une grande partie de
fon tems aux Corvées.
Faut-il donc donner des befoins à l’Homme
Ample, pour le bien de la Société ? Le
coeur fe révolte d’abord à cette queilion ; il
femble qu’on demande : faut- il rendre le bonheur
des hommes ■précaire? Cependant, quand
on examine de près ce qui fe paiTe dans le
Monde , on entrevoit dans ce moyen , la
marche même de la Nature , & par confé-
quent le plan de la Providence , qui tend à
peupler la Terre autant qu’elle peut l’être. Je
vais eiTayer d’expofer à V . M. mes idées fur
ce fujet difficile.
L ’Homme eft naturellement parefleux: je
veux dire ic i, comme on l’exprime vulgairement,
'quil aime befogne faite : & c ’e il-là
chez lui un grand principe d’aélion. Il peut
travailler avec zè le , autant pour voir la fin
de fon trav ail, que pour en jouir. Il l’a
commencé par des motifs ; mais dans l’aêiion,
avoir fa i t , èfl: pour lui un des aiguillons les
plus forts.
Si'nous conildérons l’Homme de la nature,
nous
¡nous ne le verrons presque cherché!- que lai
nourriture & le vêtement, puis le repos: ôc
[cela ne lui coûte guère. La bête fauve qu’il
[tue, garantit fon eilomac de la faim & fon
[corps du froid ; & la fatigue qu’il a effuyée
en la pourfuivant, lui fait trouver un lit délicieux
dans tout abri où il peut s’étendre. £ a
km mot nous nous faifons à peine une idée de
[ce dont l’Homme peut fe con.téhter, plutôt
que de travailler davantage , quand fes
goûts ne font pas développés.
Cependant, s’il e il vrai en général que
l’Homme de la nature fe contente de peu, il
y a bien des exceptions dans les détails. Il
naît des hommes délicats, qu’une vie fi Ample
fait périr bientôt s’ils y relient. Mais
parmi ces hommes, délicats quant aux influences
de l’air & des alimens, il y en a de
très forts quant aux facultés intelleèluelles
& musculaires, Ôc fouvent, par la réunion
de toutes deux. Ce que j ’appelle ici force
: musculaire, eft une faculté très indépendan-
[ te d’un tempérament robuile. Un homme
j pourroit en vaincre dix autres enfemble dans
toute espèce de combat, qui feroit peut-être
! vaincu le premier par le froid , le chaud ,
l’humidité, le défaut, d’alimens propres à fes
I viscères. Et quant aux facultés iatelleèluelfes