
te de leur Parvis, je commençai à fentir cette
vénération qü’inipire la Nature, & l’Homme
ilmple chez qui on peut encore ¡’étudier'.
Son bonheur & les caufes qui le produifent
font de grands fujets d’obfervation. L ’Homme
dans cet état ne frappe pas les regards,
Ce que nôus nommons mi/ère, pauvreté, qui
fouvent le recouvre, eil une enveloppe, que
les uns trouvent dégoûtante, & d’autres au
moins terrible. Mais perçons au delà ; pénétrons
jusqu’aux viscères, jusqu’à l’àme ;
& là nous trouverons une fantè, qu’ambition-
neroient les Riches, les Puiifans & les Philo-
fophes, il elle leurétoit connue/ V . M. h
connoît, & en jouit: jamais E l l e ne s’écarta
de la tempérance, mère & gardienne de
la fanté du corps : jamais E l l e ne donna
accès dans ion ame à ces pallions turbulentes,
ni à ces fyilêmes défolans, qui fe prêtant mutuellement
des forces, déchirent à l’envi ceux
qui ont le malheur de s’y livrer, Je fais auffi,
que contempler des Etres heureux, effc pour
E l l e un doux fpe&acle. J’oferai donc tenter
encore une fois de L ü i crayonner à ma
foible manière , un de çes intéreifans tableaux.
1 L ’homme riche s’accoutume aux Palais & le
Montagnard à fes beaux payfages ; l’un &
u '* fautre
¡ autre perdent par l’habitude le goût v i f de
leur poileffion : e’eil une confolation pour ceux
que leur poiition en prive : ainfi l’a arrangé le
Créateur, qui, pour de grandes raifons, ne
pouvoit pas départir les mêmes biens à toutes
les Créatures. Mais ii quelque homme con-
ferve toujours à un certain degré la jouiifance
de fa poiition ; je crois que c ’eil: le Montagnard.
Sa vue fe récrée fans qu’il le fâche,
mais elle ne le dispofe pas moins au bonheur.
Sa férénité habituelle a fes caufes dans foh
état ; -il jouit de la variété douce des fçènes
rurales, en même tems que du repos de l’oeil
fur la verdure, de celui de l’oreille dans le
filence, de la poitrine dans le bon air, de l’ef-
tomac par la nourriture fimple ; de celui de
tous les organes enfemble par un bon fommeih
Quand je confidère le Montagnard dans fes
différentes pofitions, il me femble l’entendre
dire: ,, admirez ce point de vu e ; jettez les
5, yeux fur cet agréable vallon; voyez corn-
„ me ces coteaux s’élèvent en Amphithéâtre;
„ remarquez comment cette verdure toujours
„ ü vive du bled qui commence à naître, e il
„ relevée encore dans ce moment par les feuil-
” les mourantes des arbres au travers desquels
,, nous l’appercevons. Que le fombre de ces
„ enfoncemens dans les boisfai.t agréablement
L 4, „ reffortir