
dès qu’on leur a fait une fois franchir les li-
mites d’un travail qui ne tend qu’à la fub-
iiilance animale, on peut, en fe conduifant
avec humanité & fageiTe, augmenter par
des goûts leur befoin de travail, pour leur
bonheur même, ainii que pour le bien Public.
C ’eft-là ce me femble la marche qu’indique
la Nature, c ’efl-à-dire, celle qu’a fuivie
l’Humanité pour arriver au point où nous la
voyons déjà: & le Pays dont j ’ai l’honneur
d’entretenir V . M. en conferve des traces évidentes,
dans tout ce qui tient aux défriche-
mens.
Ces Bruyères immenfes nous donnent d’abord
en bien des lieux une idée très naïve des
premiers âges du Monde. Les premiers v e nus
ont choiii le meilleur terrein ; & après
les bords des R iv iè ré s , qui partout ont été
préférés, les lieux les plus bas dans les inflexions
infeniibles de ces plaines, ont préfenté
le plus de refTources. L à coule quelquefois
un petit ruiffeau, ou du moins les eaux d’alentour
s’y raifemblent; là auiîi elles ont cha-
rié peu-à-peu des fubflances plus propres à
la végétation; & quelques arbres au moins,
li ce n’étoit de petits Bois, offroient un p re -’
mier fecours, & promettoient une propagation
plus aifée. ’ L e
Le droit du premier occupant, le premier
k le plus naturel de tous les droits, fuccédé
Bientôt par celui que donne la culture, y ont
lté les bafes de la Jurisprudence. Ils ont
lit d’abord les titres du Seigneur, & fous
t rt gouvernement , ceux du Colon qui
a fait produire le terrein. Ce dernier,
dont ici l’hifloire feule nous intéreiTe, mar-
dua d’abord fa poiTeffion par un foifé. Son
Jremier travail excitoit peu l’envie ; la terre
qffroit partout autour dé lui les mêmes res*-
lurces avec peu d’efforts ; & l’homme, qui
Tefl point méchant, ne trouble point les
Jtnblables lorsqu’il peut aifément mieux fai-..
Les nouveaux ' venus trouvèrent donc
citns leur propre penchant l ’invitation à
flire eux-mêmes un foifé , & à s’affurer
alnfi une poiTeffion, plutôt qu’à envahir difficilement
& Contre leur, coeur les poifes-
flms déjà marquées. DeaX poifeireurs as-
ffrèrent leurs enclos contre un troifième ;
llntérêt commun les uniifoit, & la difEcul-
té de les chaifer devenoit plus grande. On
dit donc de plus en plus cultiver en paix,
tint qu’il ne fut queftion que d’être à l’abri
dis atteintes de détail contre la propriété.
■ En creufant fon foifé, qui garantiifoit là
wifeiïlon d’une invafion fa c ile , le Colon
■ D % ' trou