
Contrées intéreflantes fe trouvant fubordon-
née au but qui m’y ramène ( a) , je fens que
je ne les verrai point encore comme je l’a.
vois deliré; & ce feroit pour moi une in»
quiétude, fi je n’avois, par la bonté de V.
M . , la perspeftive de les revoir enfuite plus
à mon aife. Je ne cherche donc point à ob-
ferver des détails ; mais à former un plan
pour mon prochain voyage ; ce qui m’y épar*
gnerjt du tems & des tâtonnemens.
Je n’étois pas encore fort éloigné de Londres
, quand l’un des objets favoris de mon
attention, une grande Bruyère, frappa mes regards.
Son aspeól me rappella tout ce que j ’a-
voi* vu ci-devant de terres incultes dans cette
lile depuis longtems fi fameufe, & tout
ce que j ’entends dire à ce fujet des Provinces
que je ne connois pas.
Quelle que foit l’obfcurité que trouve J’Hifio-
rjen fur les premiers tems où la Grande Bre'tagne
fut habitée , le Cosmologifte y voit clairement,
à une diftance très p e tite , l ’origine
defa population, dans les moeurs fauyages
des
( * ) fallois à Pyrmtttt pour scci>mp«gner à fon retour
«ti Angleterre, la mime Fetfonire qui avoit été l’occafion de
ate* précédons voyagea.
des premiers habitans, dont il relie quelque
veftiges , & dans la nature du fol qui les
nourriiïoit. Si les traces de la formation du
Gouvernement font encore aujourd’hui un
fujet de dispute entre les Politiques, le Naturalise
y voit diftinélement celles de la culture
duifol : il ne peut douter, que cette multitude
de terreins fauvages qui fubfiftent encore,
& fur lesquels chaque génération fait
de nouvelles conquêtes, ne foyent des refies
du premier état de l’Ifie. Ces terreins incultes
font d’une espèce différente de ceux que
j’ai obfervés en Allemagne. Ce font des fables
plus gros & d’un jaune de rouille, des
graviers de filex, & des crayes ; du pioins
dans les Cantons que j ’ai vus. Mais ce qui
les fait reifembler à tous les terreins qui font
encore entre les mains de la Nature , c ’eft
qu’on trouve à leur furface une couche de terre
végétale , formée par la defiruélion des
plantes qui s’y font fuccédées ; & que cette
couche eft toujours très peu épaifle, foit dans
les lieux élevés, foit dans les lieux bas, <3c
fur toute espèce de terrein non encore remué
, excepté dans le fond des vallées.
Je ne fais s’il y a un phénomène plus ex-
preffif dans la Nature. Il me femble que les
corps marins qui font dans nos Continens, ne
nous