
des gens qui en prennent foin. Puis dans
les chaleurs du mois4 ’Aoûc, quand les foins
font coupés & les moiflons finies, & qu’ainfi
leurs Abeilles commenceroient à fouffrir ; ils
viennent un foir les prendre prifonnières dans
leurs ruches, & les apportant au milieu des
Bruyères ils les feiifent là en plein a ir , jouir
de l’abondante récolte qui s’eil préparée tandis
qu’elles travailloient ailleurs. Chaque
Colon a fon lieu affeété où il dépofe fes ruches,
<& perfonne ne vient les y troubler. Un heureux
préjugé garantit la propriété en abeilles ;
les gens de la campagne eroyent qu’elles ne
produifent point lorsqu’elles ne font pas debon
acquit. On, fe figureroit difficilement le ïm
yail quê fait cet aimable infeéte. On calcule
que dans les Etats du R o i , ces petites ouvrières
recueillent année commune, trois
mille quintaux de cire & dix à quinze mille
quintaux de miel.
, V o ilà une récolte qui diminuera fans doute,
à mefure qu’on défrichera les Bruyères. Mais
peut - être que le befoin de cire diminuera en
même tems. On fera auffi un peu moins de
gâteaux au miel en Allemagne ; mais on faura
bien y fuppléer de quelque façon : & comme
l’Amérique continuera à fe défricher, le fucre
Tiendra fe joindre au miel. Nous n’aurons
donc
Eoné point à regretter fa diminution, en acqué?
|ant les autres produirions qui lui feront
fubilituées.
9 je regretterons moins encore un autre pro-
fliiit de ces pays-là, qui pourtant aujourd’hui
9 de encorè les Colons à y vRre : je veu$
flirela quantité de Miftille, qui croit en cer-
fiins Cantons. Les Colçns employent leurs
■nfans à cueillir fes bayes ; & ils en vendent
IJour fist mille Ecus d’Allemagne à la feule
«illè de Hambourg, où on les employé à co*
j Irer des vins. II en pafle jusqu’à Bordeaux
I jour le même üfage. Je conviens que cette-
Jlîération eil une des plus innocentes ; mais
jleit toujours quelque chofe de faêtice dont on,
paifera aifément ; d’autant plus que cet
[■Ingrédient ne fert qu’à conferver la même
f oeinte au vin augmenté dffin peu d’eau de vie?
de beaucoup d’eau.
I Ce n’eit pas à l’Homme fe u l, qu’eit: déjsi
file le perfeétionnement naturel des Bruyères.
pa Providence, qui U tout,dirigé vers le plus
9 and bonheur des Etres fenfibles, a peuplé
fs Cantons-là d’une quantité prodigieuiç
linfeêtes & d’autres animaux, qui, en atten*
fnt la pofieffion de l’Homme, jouiflent dia-
lm de leur petite portion de bonheur paflà»
Je ne pouvqis contenir mon admirai