
gtarnen viennent enfuite, & leurs femences
ne font pas moins répandues dans l’air ; puis,
quelles fertilifent auifi toutes les Isles éloignées
des terres, L a ’ bruyère croit en même
tems: mais quant à cette plante, & aux au-
tres végétaux furtout dont les femences plus
pefantes font moins aifées à transporter, je
n’en ferai mention ,que lorsqu’il fera tems
d’expliquer, comment je penfe que la furfa-
ce de'nos Continens aéluels'a été mife en
iltuation d’être fertilifèe.
Il fe préfente encore une obje&ion contre
cette bafe de la Chronologie de la Terre;
c ’eil-à-dire, une autre eau fe qui femble d’a.
bord en reculer le commencement. Il faut:
qüe la furface d’un terrein foit immobile J
pour que les plantes, même les moufles, puis-
fent y germer. Or les fables, qui font le
fond de presque toutes les Bruyères, ne peuvent
ils pas avoir été longtems balotés par
les vents, avant que les racines des plantes
aient pu en fixer la furface? Et fi cela eil,
ce tems ne peut-il pas avoir été fort long?
Cette obje&ion femble être fortifiée par ce
qu’on obferve encore dans quelques endroits
des Bruyères. Il y a de grands espaces de
terrein abfolument nuds, où le fable eil encore
charié par les vents, comme on nous
'' ' le
le dit de ceux de la Lybie ; la végétation n’a
pu encore y prendre le-défius.
Quelque plaufible que foit cette objection,
Lue je me fuis faite d’abord moi-même en
barcourant ces déferts, l’aspedl plus attentif
des lieux la réfout. Ceux où le fable eil
|agité par les vents ne font jamais des plaines
unies: l’irrégularité des vents & celle'
bême du f o l , y occafionnent toujours des
filions & des monticules, qui s’accroisfent
de plus en plus dès qu’une fois ils ont
été formés, jusqu’à ce qu’une autre caufe
s’y joigne, qui arrête en quelques endroits,
& augmente ep d’autres, les progrès de l’irrégularité
du terrein. Cette caufe eil la vé-
igétation, qui , malgré cette mobilité du
¡fable, ne Itisfe pas de le lier çà & là. De
[longs calmes la favorifent, mais furtout les
¡iaifons pluvieufes ,: pendant lesquelles l’humidité
colle le fable , & le rend en même
tems trop pefant? pour que les vents puis-
fent l’enlever. Si donc, par l’une ou l’autre
de ces caufes, le fable eil fixé asfez longtems
pour que quelque plante y germe & y enfonce
& étende fes racines j fi par exemple, un
petit tapis de mousfe, une touffe de gramen
ou de rofeau des fables, vient à s’y former ; le
fable protégé par ce moyen, réfiftej & bieii
Tome XII. ' Ë loin