
habitation quelle qu’elle fût. Douce propriété !
Doux chez fo i! Doux liens de la famille! De
quoi ne rendez - vous pas capable l’Homme
iimple devenu focial !
Je voyois donc creufer ces foifés & planter
ces pieux, d’un oeil bien différent que ne
1 auroit vu Mr. RouJJeau mon Compatriote.
,, L e premier qui ayant enclos lin terrcin ” ,
dit - il au début de la fécondé partie de fon
intéreffant Discours fur ïorigine £? les fonde-
mens de l'inégalité parmi les hommes, kj le pre-
„ mier qui ayant enclos un terrein, s’avifa
,, de dire cm eji à moi, & trouva dés gens
„ affez iimples pour le cro ire , fut le vrai
„ fondateur de la fociété. Que de crimes,
„ de guerres, de meurtres, que de mirères
„ & d’horreurs n’eût point épargné au genre
s, humain celui q u i, arrachant les pieux ou
„ comblant le foffé,eût crié à fes femblablesi
„ gardez-vous d’écouter cet impoffeur ; vous
„ êtes perdus, ii vous oubliez que les fruits
„ font à tous, & que la terre n’eff à perfon-
„ ne!” Pour moi je crois au contraire que -le
Monde eût beaucoup perdu, il l’amour de la
propriété, ii celui de la vie domeffique, n’é-
toient venu favorifer la population, & développer
en même tems chez les hommes le
fentimentjiiprêt à éclorre, del’affeélion mutuelle.
tuelle, & celui, non moins conforme à leur
nature, ni moins effentiel à leur bonheur,
d’aimer à voir le fruit de leur travail. Tous
les Etres tendent à leur Fin: & ce dernier
fentiment, qui conduit J’Iiomme par un perfectionnement
graduel à fa Fin principale, le
porte, dans l’état préfent, à la propriété.
Qu’eût-il gagné d’ailleurs pour fon repos,
quand il auroit joui fans aucune règle de ce
que lui offroit la furface de la Terre? L ’oifi-
,veté de la vie ambulante, devient bientôt
une occafion de trouble, lorsque la population
s’accroît. Il faut un Pays plus étendu
à un Peuple plus nombreux ; il cherche à fe
le procurer par la force, en même tems que
les habitans naturels réiiftent à fe laiffer déplacer.
N e pouvant faire produire la terre
à proportion de leur nombre, puisqu’ils
n’y touchent point, les hommes font obligés
de fe réduire, par des majfacres, au niveau
du produit de la terre fauvage. On n’a donc
point la Paix, quoiqu’il n’y aît pas de propriété:
& il l’on peut espérer que les hommes
vivent une fois en P a ix , ce ne fera que
par une augmentation de respeél pour la pos-
fejfion; c’e it -à -d ir e , fous le Règne de l’E quité
& de la Juftice.
Cependant un même b u t , une égale fenfi