
germes de tous ces carafilères dans tous les
pays du monde, les développe par fon ap-
proçbe j & fouvent il juge d’après ce qu’il
•vqit immédiatement ; fans s’efforcer à regarder
au loin, pour y voir les chofes détacheés de lui.
Je ne dirai donc pas de mes Hartziennes
qu’elles font de bonnes femmes, parceque
avec mes guten morgen je leur faifois tendre la
main affe&ueufement ; ni qu’elles fonç mali-
cieufes, parce qu’un homme qui defcend péniblement
une montagne à cheval les fait ri-
re ; moins encore dirai-je qu’elles font groflîè-
res dans leurs propos, parce qu’un Dragon,
qui les traite comme une brigade d’ennemis,
leur fait chercher dans leur mémoire tout ce
qu’elles favent de quolibets. Mais je dirai
qu’elles font gaies & heureufes ; parceque
tout le dit chez elles, parceque tout le
pays d’alentour en convient. Je le dirai,
parceque ce n’efl pas d’aujourd’hui que je
les juge dans leurs femblables ; & que les
reffemblances font trop frappantes pour "les
méconnoître un inilant. Je le dirai , parce
que s’il eft poffible de juger ici-bas des effets
par les caufes, le bon air, la nourriture fim-
p ie , l’exercice foutenu, le peu d’objets de
defirs, la facilité d’y arriver, l’ignorance des
^Spemcns qui tuent les plajfirs faciles ; doiventlaifferl’Hommfe
plus près de fon origine,
j’ofe presque ajouter de l’état d’enfant. Je le
dirai* & on ne le voit que trop , parce que
le contraire de ces caufes, la vie molle, les
defirs ardens & variés, font éclipfer le bonheur.
Le Montagnard reçoit chaque jour &
avec plaifir fon oeuf mieux "que à’or ; l'homme
du monde tue la poule.
En fuivant les fentiers que tenoient mes
¡Montagnardes, je fus détourné peu à peu du
grand chemin, & traverfant des prairies qui
le bordent, j ’arrivai au-deffus d’ uh rameau
d'Ojierode qui préfentoit du haut de la Colline
l’afpett le plus rian{, Dirigé encore par
quelques femmes égrenées que j ’erï voyois for-
tir , je me hâtai d’en defcendre & de prendre
leur route ; impatient d’arriver à ce lieu d’échange
, ou le Minerai tiré du fein de la
Montagne, fe transmue à la fin en choux. Je
courois ainfi de rue en rue par les plus grands
pa(ïages. . . . Par ici , par i c i , Monfieur !
me crioit le Dragon du haut de fon cheval
(en tirant le mien derrière lu i , & voulant
à toute force en qualité de guide me conduire
par le plus court chemin). Bien obligé mon
ami, mais je ne fuis pas fi preffè que vous à arru
ver à Gottingue. Cependant il arriva fur moi
au grand trot, pour me tirer plutôt du mairi
e vais